Le dispositif « Territoires zéro chômeur de longue durée » améliore l'accès à l'emploi des publics très éloignés du marché du travail, notamment en situation de handicap, mais pèse sur les finances publiques, selon un rapport d'évaluation publié le 23 septembre 2025.
Recruter des personnes éloignées de l'emploi en CDI
Née d'une loi de 2016, cette expérimentation part du postulat que « personne n'est inemployable », rappellent les auteurs du rapport, rédigé par le comité scientifique chargé d'en évaluer la deuxième phase. Elle permet à des territoires volontaires – un quartier ou quelques communes rurales – de créer des « entreprises à but d'emploi » (EBE), qui recrutent en CDI à temps choisi des personnes durablement privées d'emploi.
D'abord testé dans dix territoires, le dispositif a été étendu en 2020 (Zéro chômeur longue durée et handicap : du nouveau!). À mi-2025, un peu plus de 4 000 personnes sont employées dans 92 structures, indique le rapport. L'expérimentation doit prendre fin en 2026 et le Parlement devra décider de son éventuelle généralisation.
Âgé, handicapé : le profil des bénéficiaires
Le rapport conclut que « zéro chômeur » apporte « une solution effective d'accès à l'emploi » à des personnes « dont la plupart n'auraient sans doute pas accédé à l'emploi sinon », en majorité des femmes. Les bénéficiaires sont aussi plus âgés, moins diplômés et plus souvent en situation de handicap que les personnes orientées vers d'autres dispositifs d'insertion par l'activité économique, selon Yannick L'Horty, président du comité scientifique. Une raison, selon lui, de pérenniser l'initiative.
Un « coût significatif » pour les finances publiques
En revanche, le dispositif représente un « coût significatif », « loin de la neutralité budgétaire promise à l'origine », préviennent les experts. Les économies et recettes générées par l'embauche d'une personne s'élèvent à 12 900 à 15 300 euros sur les douze mois suivant son entrée dans la structure, alors que le coût brut d'un emploi est estimé à 26 600 euros, en incluant les subventions nationales et départementales. Les structures, qui interviennent notamment dans la maintenance, le recyclage ou les services de proximité, génèrent une valeur marchande faible.
Un recentrage recommandé sur les plus éloignés de l'emploi
Le comité recommande de pérenniser le dispositif en le réservant aux personnes pour lesquelles « aucune autre solution n'est envisageable » ou qui sont « en fin de parcours professionnel ». Il suggère aussi de le concentrer sur les territoires les plus touchés par le chômage de longue durée, notamment ceux dépourvus d'autres structures d'insertion ou de services publics.
En juin, la Cour des comptes avait déjà mis en garde contre le « coût humain et financier élevé » du dispositif, tout en soulignant sa pertinence pour certaines catégories de personnes en grande précarité.
© Cyano66 de Getty Images Pro



