Val d'Oise : à Cergy, un campus où l'autisme fait école

L'École supérieure des talents atypiques à Cergy réinvente l'enseignement supérieur pour étudiants autistes : effectifs réduits, cadre sensoriel adapté et pédagogies innovantes transforment la différence en force. Objectif : autonomie et confiance.

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Quand on pense à une école, on imagine des rangées de bureaux, des cahiers alignés, une cloche qui sonne. Rien de tel à l'ESPTA, l'École supérieure des talents atypiques, installée sur le campus de Cergy-Pontoise dans le Val d'Oise. Ici, on casse les codes : senteurs de pins, lumière tamisée, bruits assourdis, effectifs réduits, téléphones portables rangés dans des casiers pour éviter tout stimulus extérieur... Un cadre pensé pour les étudiants autistes, où la différence n'est plus un obstacle mais une « ressource ». Immersion via notre reportage (vidéo ci-contre) à retrouver sur Handicap.live et les réseaux sociaux de Handicap.fr.

Des profs impliqués car eux-mêmes concernés

Les enseignants, souvent eux-mêmes concernés par des troubles du spectre de l'autisme (TSA), adaptent leurs méthodes : pauses régulières, alternance entre théorie et pratique, activités artistiques et scientifiques. « On transmet autrement, parce qu'on sait ce que ça veut dire d'apprendre différemment », résume un l'un d'eux. Un professeur d'histoire diagnostiqué TDAH (trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité) sait que la patience est, ici plus qu'ailleurs, une vertu. « Il y a certains comportements que je comprends, par exemple lorsqu'ils ont du mal à se concentrer sur les lectures d'un texte », affirme Armand. « Ça ne sert à rien de s'énerver », complète une professeure de mathématiques et maman d'un enfant porteur de TSA. « Une année, j'ai eu une élève avec un très faible niveau de maths et on a travaillé les fractions avec des gâteaux et des cookies. Il faut s'appuyer sur des intérêts spécifiques. »

Un laboratoire pédagogique pré vie-active

L'ESPTA se veut être une sorte de laboratoire pédagogique. Théâtre, arts numériques, projets de recherche : les passions individuelles deviennent des moteurs d'apprentissage pour préparer l'entrée dans la vie active. Les erreurs semblent y être considérées comme des leviers d'évolution. Et l'impact dépasse la salle de classe. « Le recordman chez nous, c'est un étudiant qui a passé cinq ans sans sortir de sa chambre. Et maintenant il fait des blagues », résume Ange de Saint-Mont, le directeur de l'établissement, lui-même autiste. L'établissement mise sur la confiance retrouvée, la préparation à la vie professionnelle et l'autonomie sociale. « Avant, j'étais moqué à l'école. Cet effet de groupe me redonne confiance en moi », assure Antoine, étudiant, qui se sent désormais « plus serein ».

Une école privée hors contrat

Un mieux-être étudiant qui a toutefois un prix. Il faut débourser entre 4 500 et 6 500 euros par an pour la scolarisation dans cette école privée hors contrat, selon la direction qui assure « mettre en place un modèle économique accessible pour des familles déjà beaucoup sollicitées financièrement ». Ici, la différence est une richesse, certes, mais qui reste encore cloisonnée (malgré quelques ateliers ici où là avec le reste du campus de Paris-Cergy). Tant que ces adaptations restent cantonnées à un établissement spécialisé, l'école ordinaire n'évolue pas vraiment. Inclure ou totalement réinventer l'école ? Ou trouver un compromis, à mi-chemin... 

© Clotilde Costil

Une salle de classe avec le professeur et les élèves.
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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