903,60 euros pour l'Allocation adulte handicapé (AAH) à taux plein jusqu'au 1er avril 2022, date de sa prochaine augmentation. Mais pourrait-elle bientôt atteindre 1 500 euros ? C'est en tout cas ce que proposent certains candidats à l'élection présidentielle. Si le handicap est resté invisible durant cette campagne, tous se sont néanmoins prononcés sur cette allocation qui concerne 1,22 million de personnes (électeurs ?). Son montant était déjà au cœur de la campagne en 2017, chacun promettant sa réévaluation. Cinq ans plus tard, rebelote, avec des enchères qui, parfois, s'envolent ! Alors l'AAH, combien en 2022 ?
AAH en hausse, pour qui ?
Cette question bonus a notamment été posée lors du Handébat qui a réuni le 23 mars 2022 certains candidats ou leur représentant à la Maison de la radio (article en lien ci-dessous et débat à revoir sur qr.handebat2022.fr). Marine Le Pen (Rassemblement national) s'aligne sur une AAH à 1 000 euros.
Allant crescendo, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) fait un peu mieux avec une hausse de 160 euros, pour atteindre le seuil de pauvreté fixé en France en 2021 à 1 060 euros (en 2022, ce seuil est passé à 1 102). Jean Lassalle (Résistons), quant à lui, s'en rapproche avec 1 100 euros. Anne Hidalgo (Parti socialiste) précise que « les personnes handicapées qui ne peuvent pas travailler, momentanément ou durablement doivent accéder à un réel revenu de remplacement qui doit se rapprocher du SMIC » et promet une « concertation avec les associations représentatives des personnes handicapées pour concevoir un dispositif plus juste et plus solidaire ».
Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) envisage, quant à lui, de rehausser l'AAH « au niveau du SMIC » tout comme Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) qu'il portera pour sa part à 1 400 euros net, mentionnant que l'AAH serait réservée aux « personnes qui ne peuvent pas travailler ». Le plus généreux pour ce même public, c'est Fabien Roussel (Parti communiste) qui veut créer un « revenu universel d'existence » de 1 500 euros net par mois.
Valérie Pécresse (LR) estime que « face à une inflation galopante, il est absolument indispensable que l'AAH soit indexée sur l'inflation », « en se rapprochant petit à petit du seuil de pauvreté », a ajouté son représentant, le sénateur LR Philippe Mouiller, lors d'Handébat. Quant à Yannick Jadot (Europe écologie les verts), il envisage de la revaloriser sans dire de combien. Emmanuel Macron (LREM), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) et Eric Zemmour (Reconquête) ne mentionnent aucune augmentation dans leur programme.
Déconjugalisation, tous d'accord...
Pour ce qui est d'un autre sujet « critique », celui de la déconjugalisation, c'est-à-dire le fait de ne plus prendre en compte les revenus du conjoint dans le calcul de l'AAH, une fois n'est pas coutume, l'unanimité semble de mise dans tous les partis, de l'extrême gauche à l'extrême droite, faisant écho aux revendications des associations. Marine Le Pen estime que le mode de calcul actuel « vise à nier le caractère individuel du handicap ». Pour Anne Hidalgo, c'est une « injustice », ou encore « une ignominie » pour Nathalie Arthaud. Fabien Roussel y voit une « humiliation, un scandale, surtout pour les femmes en situation de dépendance », tout comme Yannick Jadot qui entend « garantir l'émancipation, le droit à une vie familiale de leur choix pour les personnes en situation de handicap, tout particulièrement les femmes ». Pour Valérie Pécresse, qui parle « d'indignité », ce « n'est pas une allocation sociale comme les autres » puisqu'elle « compense un handicap ».
... sauf LREM
Seule LREM continue de faire bande à part, reprenant les arguments avancés lors des débats parlementaires mouvementés de septembre 2020 à décembre 2021. Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, représentant Emmanuel Macron lors du Handébat, a fait valoir que cette prestation sociale « suit exactement la même ligne que toutes les autres, c'est-à-dire que quand on est en couple, on prend les revenus du couple, comme pour le revenu de solidarité active (RSA), comme pour l'AAH, comme pour l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) ». « On me dit souvent qu'on subit le handicap, et pas le reste, mais on subit aussi la pauvreté malheureusement et on subit aussi la vieillesse », a-t-elle ajouté. Elle encourage néanmoins à aller plus loin en « changeant de politique pour ne plus compter sur la solidarité familiale et, à ce moment-là travailler sur l'ensemble des revenus, des ressources des personnes, mais quelles qu'elles soient, en situation de handicap ou pas ». Si Emmanuel Macron est réélu, l'opposition repartira certainement une nouvelle fois à la charge. Affaire à suivre...