Si l'AAH (allocation adulte handicapé) -actuellement octroyée sous conditions de ressources à quelque 1,1 million de personnes en incapacité partielle ou totale de travailler- était intégrée au RUA, "quelles garanties aurions-nous qu'à l'avenir elle ne serait pas conditionnée à une contrepartie ?", a interrogé Ali Rabeh, de la Fédération Apajh. Le revenu universel d'activité, qui pourrait toucher près de 15 millions de personnes à l'horizon 2023, doit intégrer les actuels RSA, prime d'activité et allocations logement, mais aussi, éventuellement, l'AAH et le minimum vieillesse, voire d'autres prestations. Le gouvernement doit justement lancer le 9 octobre à ce propos une concertation en ligne.
Vers un retour au travail ?
Pour les associations du secteur du handicap -dont notamment APF France Handicap, Unafam et l'Unapei- la logique sous-tendant la future réforme est "inadaptée aux allocataires de l'AAH", car reposant sur une "exigence de contrepartie" aux prestations sociales. Or, "80% des allocataires de l'AAH sont en incapacité de travailler" et ne sont donc "pas concernés" par cet objectif d'un retour au travail, a expliqué lors d'une rencontre avec la presse Roselyne Touroude, de l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam). En outre, le taux de non-recours à l'AAH est actuellement très bas, et son intégration au RUA n'amènerait donc en rien une simplification administrative, soutient le collectif, qui redoute au contraire une "complexification pour les allocataires".
Sans contreparties !
Interrogé lors d'un point presse, le délégué interministériel chargé de la lutte contre la pauvreté, Olivier Noblecourt, a répondu à ces inquiétudes en soulignant que le "caractère inconditionnel de l'AAH" serait "préservé quoi qu'il arrive". "Les associations nous demandent des garanties, elles sont pour l'essentiel satisfaites. Nous les avons données à l'écrit comme à l'oral", a assuré M. Noblecourt. Pour l'heure, ces assurances ne satisfont pas les associations. "Les garanties qu'on a aujourd'hui, en quoi engageraient-elles les gouvernements futurs ?", a commenté M. Rabeh, convaincu qu'"à l'avenir, n'importe qui pourrait toucher aux paramètres".