La nouvelle ministre de la Santé Brigitte Bourguignon veut faire de « l'accès aux soins pour tous » une priorité de son mandat, notamment en luttant contre les déserts médicaux, a-t-elle affirmé samedi lors de sa passation de pouvoir avec Olivier Véran, avant de visiter une maison de santé en zone rurale. « Ma feuille de route est claire, c'est celle du président » Emmanuel Macron qui est « d'assurer l'accès aux soins pour tous », a déclaré Brigitte Bourguignon devant le personnel du ministère des Solidarités et de la Santé à Paris. Il faudra « poursuivre nos efforts pour la prévention, consolider, adapter le système de soins en ville, à l'hôpital, avec l'enjeu particulier de cette lutte contre les déserts médicaux », a poursuivi l'ex-ministre déléguée à l'Autonomie des personnes âgées. « Nous allons en particulier devoir gérer cette pénurie de médecins, accélérée par une pyramide des âges vieillissante et une évolution des mentalités » préférant le soin à domicile plutôt qu'à l'hôpital, selon elle.
Accélérer sur les maisons de santé
Son premier déplacement s'est inscrit dans ce cadre : la native de Boulogne-sur-Mer a visité samedi après-midi une maison de santé pluriprofessionnelle installée dans une zone rurale du Pas-de-Calais. Saluant le succès de cette structure, ouverte en 2018, la ministre a souhaité que ces maisons deviennent « de vrais lieux de stage, de formation, ce qui peut faire naître des vocations » chez les jeunes médecins. « La majeure partie des médecins ne veulent plus être isolés et veulent travailler comme vous », a-t-elle souligné, assurant qu'il existait « des perles et de l'innovation » dans ces structures. « La politique d'accès à la santé est une politique très territoriale, qui doit être accompagnée plutôt que décrétée du haut vers le bas, construite avec les territoires », a insisté cette ancienne travailleuse sociale et élue socialiste du Pas-de-Calais. « Je veux rappeler le Ségur de la Santé mais on doit aller encore plus loin aujourd'hui pour redonner du sens à tous ces métiers qui demandent énormément d'efforts », a dit lors de la visite celle qui sera à nouveau candidate aux législatives en juin dans sa circonscription, la 6e du département. Depuis Paris, la nouvelle ministre avait concédé que repenser le système de santé « est une tâche difficile (...), nous sortons d'une crise Covid qui a fatigué et éprouvé tous les professionnels » de santé, alors que 120 hôpitaux sont contraints de limiter leurs activités aux urgences. Elle a rendu hommage à son prédécesseur et aux « gros chantiers » entrepris en deux ans malgré la gestion « éprouvante » de la pandémie.
Faire du handicap une force
De son côté, Olivier Véran a rappelé à son ex-ministre de tutelle « les difficultés de recrutement de médecins et paramédicaux qui ont nécessité que nous prenions toutes les mesures qu'il fallait prendre pour arriver à sauver nos hôpitaux ». Nommé ministre des Relations avec le Parlement, Olivier Véran a également salué l'arrivée de Damien Abad (article en lien ci-dessous), transfuge des Républicains, qui récupère le nouveau portefeuille de l'Autonomie, des Solidarités et des personnes handicapées. « Tu reviens aux valeurs premières qui ont jalonné ton parcours politique : le sens de l'Europe, la modération politique et la jeunesse », a dit M. Véran à l'ex n°1 de LR au Parlement, qui s'est présenté comme « le petit nouveau de la bande ». Damien Abad a estimé qu'il fallait « faire [du handicap] une force, (...) de ne pas se mettre d'auto-barrières, il y en a assez dans la vie », en restant discret par rapport au handicap dont il est lui-même atteint.