Août 2021. L'Afghanistan retombe aux mains des talibans après vingt ans de présence étrangère. Depuis, le pays, voisin de l'Iran et du Pakistan, est plongé dans une crise économique et humanitaire sans précédent. Présente sur place, l'organisation Handicap international (HI) alerte sur la condition des personnes handicapées qui sont « les plus durement touchées ». 80 % de la population adulte vit avec une forme de handicap, fonctionnel, sensoriel ou autre. Conséquence directe de décennies de guerre, le nombre de personnes avec un handicap grave a augmenté « de façon spectaculaire » en quinze ans, passant de 2,7 % à 13,9 % de la population. Le pays est en effet l'un des plus contaminés au monde par les engins explosifs. Quant aux services de base en santé, ils sont insuffisants, voire inexistants. Les associations présentes sur le terrain sont aujourd'hui les seuls acteurs encore capables d'aider les locaux.
Le handicap, grand oublié de l'aide humanitaire ?
Mohammad Rasool, coordinateur des programmes d'Handicap international à Kandahar (ville du sud de l'Afghanistan), constate depuis août 2021 « une augmentation importante des patients » au centre de réadaptation de l'ONG. Si, avec la fin des combats, le nombre de personnes blessées par des armes explosives a diminué depuis un an, d'autres cas très divers apparaissent : accidents domestiques, de la route, maladies ou handicaps de naissance. Certes les bombes ne pleuvent plus mais les associations redoutent aujourd'hui les effets de la crise économique qui touche en premier lieu les personnes en situation de handicap, encore trop souvent laissées pour compte. Dernier exemple en date, le tremblement de terre qui a frappé la province de Paktika en juin 2022. L'organisation de défense des droits humains « Human rights watch » a appelé « à ne pas négliger les personnes handicapées, particulièrement vulnérables, lors de l'apport humanitaire ». « De nombreux survivants handicapés, y compris ceux qui ont acquis un handicap à cause du tremblement de terre, ont maintenant besoin d'un soutien médical urgent pour leurs blessures, d'un accès à des services de réadaptation et des dispositifs d'assistance. Au vu du nombre de personnes dans le besoin, les efforts se résument à une goutte d'eau dans l'océan », déplore-t-elle.