Handicap.fr : Quelle sera l'identité de l'année 2014 pour l'Agefiph ?
Odile Menneteau : Notre ambition est portée par deux axes stratégiques prioritaires : la formation professionnelle des personnes handicapées et le maintien dans l'emploi.
H.fr : Tout d'abord, côté formation ?
OM : Le troisième volet du Plan Alternance sera lancé au printemps 2014 avec une montée en puissance des dispositifs et de l'information auprès des entreprises et des personnes handicapées. L'objectif annoncé cette année est d'accroître de 25 % le nombre d'alternants.
H.fr : Et en matière de maintien dans l'emploi ?
OM : L'Agefiph continuera à proposer des solutions très concrètes dans le cadre des missions où peuvent intervenir des opérateurs comme les Sameth (Services d'appui au maintien dans l'emploi) : aménagement de postes de travail, ergonomie, formations, aménagement du temps de travail des seniors en fin de carrière.
H.fr : Prévoyez-vous de nouveaux dispositifs en 2014 ?
OM : Au premier trimestre 2014, l'Agefiph lance une campagne de communication en direction des personnes handicapées et des entreprises pour favoriser le choix de l'alternance. La thématique « Handicap et emploi, c'est normal et c'est possible » se déclinera sur de nombreux supports.
H.fr : Pour quelle raison vouloir faire de l'alternance une priorité ?
OM : C'est un choix résolument adapté et efficace pour l'accès à l'emploi. Ce sont les seules formations qui permettent d'acquérir une qualification professionnelle et parallèlement d'accéder à l'entreprise. C'est particulièrement important pour des personnes qui, dans la conjoncture économique actuelle, sont plus vulnérables sur le marché du travail. Cette priorité est aussi illustrée par les premiers résultats de l'année 2013 avec une progression de 16 % des contrats de professionnalisation et de 24 % des contrats d'apprentissage.
H.fr : Quel bilan dressez-vous depuis votre entrée en fonction sur les actions de l'Agefiph et plus globalement sur l'emploi des travailleurs handicapés ?
OM : Dans un contexte de chômage élevé et d'activité économique en repli, les actions en faveur du recrutement ne trouvent pas toujours d'écho auprès d'entreprises en manque de visibilité sur leur avenir immédiat. Ma nomination à la présidence de l'Agefiph et les premières réflexions avec l'ensemble du Conseil d'administration ont été orientées sur notre capacité à transformer cette période difficile en une véritable source d'opportunités. Il existe de nombreux indicateurs tendanciels qui permettent de mesurer l'évolution des représentations, la progression des résultats et les voies d'amélioration de l'emploi des travailleurs handicapés. Le nombre d'établissements contribuant à l'Agefiph en est un. Les baisses des contributions, régulières ces dernières années attestent de la mobilisation des entreprises autour de ces problématiques et malgré la conjoncture économique, le taux d'emploi des personnes handicapées augmente régulièrement de 0,1 à 0,2 %.
D'autres éléments de satisfaction viennent de la prise en compte croissante des personnes handicapées dans les politiques publiques, notamment dans les formations des demandeurs d'emploi, les emplois d'avenir et les contrats de génération, qui constituent autant de leviers de qualification et d'accès à l'emploi. Car il faut le rappeler, la mission de l'Agefiph est bien de mobiliser les mesures de droit commun, puis de faciliter leur accès en amplifiant le cas échéant son implication.
H.fr : Peut-on imaginer qu'un rapprochement ou une fusion avec le Fiphfp rendrait vos actions communes plus performantes ?
OM : Lors de la création du FIPHFP (pour la fonction publique), en 2005, le législateur avait résolument écarté cette idée. Cependant, depuis, les deux organismes ont souhaité travailler ensemble de façon à offrir aux demandeurs d'emploi handicapés une réponse unique, quel que soit le financeur. L'Agefiph met à disposition du FIPHFP son offre de service dans les six plus grands domaines de son intervention. Les singularités de chacune des organisations ne sont aucunement un frein à l'efficacité des dispositifs que nous conduisons ensemble. Au contraire, elles permettent de couvrir un plus large spectre d'actions vis-à-vis de nos bénéficiaires, dont les intérêts demeurent au cœur de nos préoccupations.
H.fr : Lorsque le chômage augmente pour tous, comment convaincre les employeurs d'embaucher des travailleurs qu'ils considèrent souvent comme plus vulnérables et moins performants ?
OM : Le taux de chômage des personnes handicapées est toujours deux fois plus important que celui des personnes valides, c'est une réalité. Leur faible niveau de formation rend leur accès à l'emploi encore plus difficile. C'est le sens de la priorité donnée à la formation professionnelle. Mais il faut aussi poursuivre les efforts d'information des entreprises, notamment des PME, et de celles qui entrent dans l'obligation d'emploi, et les accompagner en leur apportant des solutions crédibles. Avancer sur le sujet, c'est enfin mobiliser à la fois les entreprises et les managers autour de stéréotypes positifs.
H.fr : Contraintes d'accessibilité, quota à respecter, est-ce que les employeurs se manifestent de plus en plus en vous faisant part de leur mécontentement ?
OM : Certains handicaps ou aménagements peuvent être déstabilisants, mais l'accroissement du nombre de salariés handicapés est une réalité perçue comme une évolution positive, par les employeurs et les salariés. L'accompagnement, la formation, la sensibilisation sont les clés, notamment pour les managers.
H.fr : Vous avez accepté de soutenir le salon virtuel handi2day mis en place par Handicap.fr. Pensez-vous que les nouvelles technologies et le numérique peuvent constituer une opportunité réelle pour l'emploi des travailleurs handicapés ?
OM : La politique d'accessibilité des supports et outils présente de nombreux avantages pour les personnes handicapées dans leur recherche d'emploi. L'accessibilité est de plus en plus un élément de la stratégie internet des entreprises. L'innovation est très présente dans le schéma des opportunités professionnelles que les nouvelles technologies pourront offrir aux demandeurs d'emploi handicapés. Et c'est aussi la mission de l'Agefiph que d'être attentif et d'anticiper les vecteurs de formation aux métiers de demain.
*Agefiph : Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées