Aidants : 2 campagnes pour une prise de conscience massive

1 Français sur 5 est aidant. Si leur rôle est de mieux en mieux intégré par la société, il est encore trop souvent imperceptible, y compris par les principaux intéressés. En octobre 2024, deux campagnes de sensibilisation tentent de changer la donne.

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Affiches des 2 campagnes avec une sœur aidante et des aidants autour d’une table

« Depuis son enfance, Robin aide son frère en situation de handicap. Un jour, Mélissa aidera son mari touché par un cancer. » En France, 11 millions de personnes accompagnent un ou plusieurs proches malades ou en perte d'autonomie. Près de la moitié d'entre elles n'ont pas conscience de leur rôle et de ses conséquences. « Et si vous étiez aidant sans le savoir ? »

Reconnaître son rôle pour accéder à des ressources

A l'occasion de la Journée nationale des aidants du 6 octobre 2024, le collectif Je t'Aide a lancé, en partenariat avec le groupe AG2R La mondiale et Teva Santé, une « grande campagne de sensibilisation et de mobilisation » pour leur permettre de se reconnaître et ainsi d'avoir accès à des ressources pour eux mais aussi pour leurs proches. Du 30 septembre au 28 octobre, des affiches sont placardées dans l'espace public, notamment dans les gares, mais aussi sur les réseaux sociaux. Un auto-test « Et vous, êtes-vous aidant.e ? » ainsi qu'une page dédiée aux ressources sont également mis à disposition sur le site du collectif.

Aidance : tous concernés

Leitmotiv ? « L'aidance touche l'ensemble des citoyens, quels que soient l'âge, le genre, la classe socioprofessionnelle, le lieu de vie et la personne aidée », souligne le collectif qui constate une hausse due notamment au vieillissement de la population, à l'augmentation des maladies chroniques, à la crise sanitaire ou encore au virage ambulatoire. « Nous serons toutes et tous aidants et aidés au cours de nos vies », martèle-t-il.

Pallier le manque d'action des pouvoirs publics

Créé en 2015, le collectif Je t'Aide n'en est pas à son coup d'essai. C'est « l'un des rares acteurs à mener chaque année depuis 2018 une campagne de sensibilisation auprès du grand public pour rendre visible cette population et alerter sur ses besoins ». L'enjeu ? « Pallier le manque d'action de la part des pouvoirs publics sur ce sujet », rétorque sa présidente, Corinne Benzekri.

Une campagne nationale pour une prise de conscience

Message reçu. Le service public de l'autonomie et le ministère des Solidarités engagent, de leur côté, une campagne de communication nationale, du 22 septembre au 20 octobre 2024. Co-construite avec le collectif Je t'Aide notamment, elle s'inscrit dans la stratégie de mobilisation et de soutien pour les aidants 2023-2027. « Ça ne se voit pas mais la moitié de son temps, Jean Christophe le passe à s'occuper de sa mère. » Idem pour Pauline qui épaule son frère et Nadia son enfant. Ces trois parcours de vie sont mis en lumière via une campagne d'affichage dans les pharmacies, conseils départementaux, centres communaux d'action sociale, maisons départementales des personnes handicapées et dans les entreprises, sachant que 70 % des aidants travaillent. Pour maximiser son impact, elle s'accompagne également de spots TV, radio et digitaux.

Quelles ressources pour un aidant actif ?

« Quand on prend conscience de son rôle, on entre dans l'acceptation du fait qu'on a besoin d'aide et qu'on ne peut pas s'en sortir seul », témoigne Alice, mère de Sacha. Pour permettre cette prise de conscience à grande échelle, la campagne renvoie vers le site aidant.gouv.fr qui centralise des outils permettant un autodiagnostic ainsi que les soutiens dédiés à chaque situation. Pour un aidant actif, par exemple, le congé et l'Allocation journalière de proche aidant (AJPA) contribuent à concilier son rôle et sa carrière professionnelle en bénéficiant de jours de congés supplémentaires ou de complément de revenus. A noter que 58 % des aidants confient avoir du mal à concilier ces deux aspects, ce qui représente un frein à leur carrière.

Les aides dédiées aux parents, retraités, jeunes aidants

Par ailleurs, le congé (CPP) et l'Allocation journalière de présence parentale (AJPP) permettent aux parents d'adapter leur activité professionnelle pour prodiguer des soins à leur enfant « handicapé, accidenté ou malade ». Pour un aidant à la retraite, des ressources, comme le « journal santé » de l'Assurance retraite et de la MSA, « aident à préserver sa santé et son équilibre tout en accompagnant son proche », affirme le service public de l'autonomie. Jeunes aidants ? Des outils pour aménager son emploi du temps lors de ses études supérieures, bénéficier d'un tutorat ou suivre certains cours en ligne et avoir un accès favorisé aux bourses permettent de poursuivre ses études. Près de 700 000 jeunes seraient concernés en France.

Des dispositifs de répit

Pour toutes les situations d'aidance, des dispositifs permettent de « souffler », notamment ceux proposés par les plateformes d'accompagnement et de répit (PFR), rappellent les instigateurs de la campagne. Ces lieux d'accueil locaux permettent aux aidants de réaliser un diagnostic personnalisé de leur situation et d'obtenir des temps de répit via des activités ou des relais à domicile. Ils offrent également la possibilité de s'informer, se former et être aiguillé sur des questions administratives. En outre, il est essentiel d'obtenir une écoute de la part d'un professionnel de santé, d'un psychologue ou d'autres aidants, « afin de préserver son bien-être moral et physique ».

* ORSE Macif 2017 « Etre aidant et travailler »

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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