Un « été de tous les dangers » annonçait, le 6 juillet 2022, Paralysie cérébrale France face à la l'hémorragie de personnels dans les établissements médico-sociaux pouvant affecter gravement la sécurité et le bien-être des personnes accompagnées (article en lien ci-dessous). C'est maintenant au tour du secteur de l'aide et du soin à domicile de sonner l'alarme. Ce n'est évidemment pas la première fois mais cette période estivale ravive la pénurie. Trois organismes (Adédom, la Fnaafp-CSF et l'Una) alertent d'une même voix les pouvoirs publics. Déplorant que « l'actualité soit largement dominée par les difficultés de l'hôpital et les multiples services d'urgences qui ferment temporairement partout en France », ils rappellent que les « services d'aide et de soins à domicile, moins visibles, font aussi face à une situation plus dégradée que jamais ».
Des prestations non honorées
Selon elles, le « secteur est arrivé à la rupture », et préviennent que cet été « les prestations d'aides et de soins à domicile ne pourront pas toutes être honorées », y compris les plus essentielles comme l'aide à la toilette ou au repas, le lever, le coucher, laissant les familles démunies. D'autant que certains établissements médico-sociaux sont contraints de fermer des services à cause de salariés en congés, renvoyant certains résidents à domicile. Le collectif annonce un « très fort risque de drames » chez les personnes les plus fragiles, a fortiori dans un contexte d'épisodes caniculaires et d'urgences saturées ! Aucune région ne serait épargnée.
Une réunion interministérielle en urgence
Elles appellent donc « sans plus attendre » à une réunion interministérielle pour le domicile, impliquant les ministres de l'Economie, Santé, Solidarité, Handicap, les organisations territoriales et les professions de santé afin de « trouver des solutions d'urgence ». En parallèle, elles réclament de mettre à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale une réforme en profondeur du système dans le cadre d'une loi Autonomie ambitieuse et dotée de moyens financiers à la hauteur des besoins pour que cette situation inédite ne se reproduise pas chaque année.
Des causes multiples
Les causes de ce naufrage sont multiples : les difficultés financières du secteur, l'épuisement professionnel, l'impact des phases de Covid successives, et maintenant l'inflation galopante qui pénalise des salariés déjà en situation financière précaire et « remet en cause les récentes revalorisations salariales déjà rattrapées par le SMIC ». A cela s'ajoute la hausse du prix des carburants qui impacte durement les intervenants contraints à des déplacements quotidiens, souvent en secteur rural, mais aussi en zone urbaine. Le combo optimum pour les inciter à déserter les rangs, dans un contexte de « manque d'attractivité endémique ». « Les offres d'emploi diffusées largement par les structures pour remplacer les professionnels en congés, restent dans une grande majorité des cas, sans réponse », déplorent les trois associations. La campagne de communication sur les métiers du soin lancée en mars 2022 en direction des jeunes et publics en reconversion, peine à produire rapidement ses effets (article en lien ci-dessous).