« Vous aussi, devenez aide-soignant, infirmier, éducateur spécialisé, accompagnant éducatif et social… Rejoignez-les, ils ont besoin de vous ». C'est le credo de la campagne nationale de recrutement lancée le 21 mars 2022 par le gouvernement, avec un budget de dix millions d'euros. Objectif ? « Créer une dynamique positive » pour convaincre de rejoindre les rangs des métiers du soin et de l'accompagnement (dans les secteurs sanitaire, des personnes handicapées et du grand âge), et ceux déjà en poste d'y rester. Il s'adresse à tous, avec une priorité vers les publics jeunes et en reconversion.
Un secteur en crise
Cette campagne intervient à dessein, dans une période critique où, malgré la hausse importante des besoins, le secteur connait une hémorragie sans précédent : démissions en masse, turn-over important. Une situation rendue plus critique encore par deux ans de crise sanitaire. Même si le gouvernement vante des métiers « humains », « nobles » et « tournés vers les autres », ils sont réputés épuisants, précaires, mal payés, peu valorisés… Une tension qui, de l'aveu des établissements, met en danger leurs résidents ; faute de moyens humains, ils peinent à compter sur l'accompagnement nécessaire. Un « combat qui n'est pas fini », dans « l'intérêt de notre modèle de protection sociale », est-il écrit dans le dossier de presse. Concrètement, des fiches pratiques détaillent les quatre métiers ciblés (compétences nécessaires, niveau de rémunération, évolution de carrière…) (en lien ci-dessous).
Jusqu'en septembre 2022
Comme il l'avait promis, le gouvernement a donc décidé de frapper fort afin de « changer de regard sur ces métiers de l'accompagnement ». Le 18 février 2022, à l'appel des associations, vent debout face à l'urgence, Jean Castex organisait la Conférence des métiers du social et médico-social. Il y annonçait une nouvelle enveloppe pour compléter la vague de revalorisation « historique » des salaires issue du Ségur de la Santé, les fameux 183 euros nets par mois accordés aux différents professionnels après d'âpres batailles (articles en lien ci-dessous), auxquelles s'ajoutaient d'autres engagements pour « améliorer le déroulé des carrières et le cadre de travail ». Si ces mesures ont en partie permis de « restaurer l'attractivité » de ces métiers, estime le cabinet d'Olivier Véran, ministre de la Santé, cette démarche structurelle promet d'être de plus longue haleine. Cette campagne, qualifiée de « brique fondamentale », s'inscrit donc nécessairement dans la durée et s'étendra jusqu'à l'automne 2022. Deux spots de trente secondes (l'un dédié aux jeunes, l'autre aux personnes en reconversion) seront diffusés au cinéma, sur les télés, les radios, les réseaux sociaux, comptant également sur le relais des influenceurs. Des affiches seront placardées dans le métro, les gares, les établissements de santé…
Pour quel public ?
« J'ai besoin de métiers où l'on me donne des responsabilités », « où je me sens utile » « qui me permette d'évoluer », expliquent les protagonistes dans l'un des spots. Hommes et femmes sont sollicités, à parité, même si ces métiers s'avèrent presque exclusivement féminins. « Nous ne nous sommes pas posé la question du genre », explique le cabinet de Sophie Cluzel. Cette campagne nationale est lancée en mars, au moment où les « lycéens sont en train de réfléchir à leur orientation professionnelle ». Selon le gouvernement, le secteur offre des opportunités en CDI (même si contre toute attente un grand nombre de professionnels préfèrent des CDD renouvelables pour « plus de de liberté et de meilleurs salaires », sachant qu'ils n'auront aucune difficulté à signer de nouveaux contrats), non délocalisables, qui permettent des carrières longues. L'Etat vise également 10 000 contrats en apprentissage en 2022 (contre 4 000 en 2021).
La validation de l'expérience
Il entend également promouvoir la Validation des acquis de l'expérience (VAE) en simplifiant des démarches administratives souvent lourdes, renforçant l'accompagnement des candidats et multipliant les dates de jury ; 13 600 places en VAE, pour convertir les expériences professionnelles en diplômes, vont ainsi s'étendre aux aides-soignants expérimentés souhaitant devenir infirmiers. Pour assurer les évolutions de carrière, le ministère de la Santé a également annoncé un « parcours de réussite » destiné aux aides-soignants, formation en deux ans, contre trois actuellement, afin de « permettre davantage de mobilité entre professions », Le gouvernement promet ainsi que des « passerelles pour changer de métier existent et offrent de nombreuses évolutions de carrière », vantant un « discours de vérité » qui se défend de « vouloir faire de la promo à outrance ».
Le cabinet de Sophie Cluzel reconnait que l'accompagnement socio-éducatif est « amené à évoluer à moyen terme car les attentes des personnes handicapées sont aujourd'hui davantage orientées vers le milieu ordinaire et le domicile », avec l'émergence probable de « nouveaux métiers ». D'avenir ?