Les aides handicap en baisse de 10 millions d'euros sur les trois prochaines années dans le Nord ? Le conseil départemental a voté une délibération en ce sens le 17 décembre 2015, sans discussion préalable, selon le comité d'entente du Nord, qui regroupe onze associations d'accompagnement de personnes handicapées.
Une baisse pouvant aller jusqu'à 12% du budget des établissements médico-sociaux pour les trois années à venir.
Baisse du personnel et pas d'ouverture de places ?
Le Nord demande ainsi aux associations du secteur de l'aide sociale à l'enfance, des personnes âgées et des personnes handicapées (on en compte 220 000 dans le département) un effort financier conséquent, qui engendrera, notamment, des suppressions de postes du personnel encadrant et l'impossibilité d'ouvrir des places supplémentaires alors que des milliers de personnes sont toujours sur liste d'attente. « Ces mesures ont inévitablement pour conséquence une baisse des moyens humains consacrés au quotidien de ces personnes, s'indigne l'Unapei, association regroupant des personnes avec un handicap mental, dans un communiqué. Dans un contexte financier complexe que connaît ce département, le mouvement parental ne peut accepter que les établissements et services qui viennent journellement en soutien aux personnes les plus fragiles soient une variable d'ajustement financier. »
Coup dur après l'Essonne...
Cette décision vient s'ajouter à celle de l'Essonne qui, mi-janvier 2016, affirmait ne plus être en mesure d'assurer le paiement de l'aide sociale (article en lien ci-dessous) et proposait aux établissements médico-sociaux un moratoire de six ans sur sa dette de 2015, ce rééchelonnement revenant à demander aux gestionnaires d'établissements de supporter le poids de la dette du département. L'Unapei déplore cette « loi des séries dramatique ». « Deux coups de canif, selon l'association, sans concertation préalable, dans le contrat de solidarité nationale qui lie les collectivités aux associations d'accompagnement des personnes handicapées qui gèrent des établissements et des services médico-sociaux. »
Besoin d'une concertation urgente
« Nous, parents, ne souhaitons plus que nos enfants et toutes les personnes handicapées accompagnées souffrent au quotidien de cette politique de casse sociale, a déclaré Christel Prado, présidente de l'Unapei ». Elle se dit malgré tout « consciente des graves difficultés financières que connaissent de très nombreuses collectivités départementales » et, tenant compte de ce contexte, demande qu'une concertation soit engagée rapidement, au niveau national, par le Gouvernement avec les organisations représentatives des personnes handicapées et l'ensemble des financeurs de la politique de solidarité nationale. D'autres associations disent ne pas s'opposer à des réductions budgétaires mais demandent que l'effort reste réaliste et qu'une échéance cohérente leur soit laissée pour les mettre en œuvre.
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