Dernière minute le 21 mai à 13h
L'avocat des parents de Vincent Lambert a confirmé que les traitements avaient repris, au lendemain d'une décision de la cour d'appel de Paris ordonnant qu'ils soient rétablis."Nous avons avons le plaisir de vous annoncer que le Dr Sanchez et le CHU ont remis en place l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert et ont arrêté sa sédation continue", s'est félicité Me Jean Paillot devant la presse à la sortie de l'hôpital Sébastopol de Reims.
Le 21 mai à 0h20
Coup de théâtre : la cour d'appel de Paris a ordonné lundi soir le rétablissement des traitements visant à le maintenir en vie, interrompus le matin-même par son médecin, une "très grande victoire" pour ses parents, du "sadisme pur" pour son neveu. La cour "ordonne à l'Etat français (...) de prendre toutes mesures aux fins de faire respecter les mesures provisoires demandées par le Comité international des droits des personnes handicapées le 3 mai 2019 tendant au maintien de l'alimentation et l'hydratation" de Vincent Lambert. Une décision provisoire prise pour six mois.
Le 20 mai à 16h30
La Cour européenne des droits de l'homme indique qu'aucun élément nouveau de nature à lui faire adopter une position différente ne lui a été présenté par les requérants. Elle confirme son avis rendu le 30 avril 2019 et décide donc de rejeter la demande de mesures provisoires, et donc le maintien des traitements, qui lui a été présentée par les parents de Vincent Lambert.
Le 20 mai à 15h30
"Prions pour ceux qui vivent dans un état de grave handicap. Protégeons toujours la vie, don de Dieu, du début à la fin naturelle. Ne cédons pas à la culture du déchet", a écrit le pape François dans un message publié sur tous ses comptes Twitter de différentes langues. Et le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, Alessandro Gisotti, a été plus explicite en retweetant le message avec la mention en français : "Prions pour Vincent Lambert".
Le 20 mai à 12h45
La Société française de soins palliatifs, qui associe des professionnels de santé et des bénévoles, a déploré que l'interruption des traitements de Vincent Lambert "fasse l'objet de déclarations catégoriques" au service de "causes opposées", au détriment de la sérénité de l'équipe médicale et de ses proches. "Chaque situation est singulière, chaque décision est prise en appréciant les éléments uniques et personnels qui caractérisent l'état de santé d'un patient", a-t-elle souligné dans un communiqué. "Comme l'a clairement rappelé le Conseil d'Etat, il ne faut en aucun cas tirer des enseignements généraux de la situation de M. Vincent Lambert sur l'ensemble des patients cérébro-lésés", ajoute-t-elle. "Les Français doivent être rassurés sur le fait qu'un arrêt des traitements de maintien en vie ne signifie nullement un arrêt des soins, bien au contraire. (...) Un arrêt des traitements de maintien en vie est suivi d'une intensification des soins avec une attention particulière portée au confort du patient pour lutter contre la souffrance", souligne également la Sfap.
Le 20 mai 12h
Les parents de Vincent Lambert ont saisi lundi le Conseil d'Etat, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et la Cour d'appel de Paris pour demander le maintien des soins prodigués à leur fils, dont l'interruption a été enclenchée. Saisissant la CEDH selon une procédure d'urgence, ils font valoir que le Comité des droits des personnes handicapées de l'ONU a souhaité que la France suspende toute décision en attendant qu'il examine le dossier sur le fond, a précisé la CEDH. Ils invoquent notamment le "droit à la vie" et l'interdiction des "traitements inhumains ou dégradants", garantis par la Convention européenne des droits de l'Homme, selon la cour. Celle-ci "rendra sa décision dans des délais aussi rapides que possibles", a assuré la CEDH, qui avait déjà validé le 30 avril une décision d'arrêt des soins prise par le Conseil d'Etat.
Article initial du 20 mai 8h
C'est dans un mail adressé à la famille que Vincent Sanchez, chef du service de soins palliatifs de l'hôpital Sébastopol de Reims, lui a fait part de "l'arrêt des traitements" et de "la sédation profonde et continue" de Vincent Lambert, 42 ans, tétraplégique en état végétatif depuis plus de dix ans. De sources médicales, le décès, dans ces conditions, interviendrait d'ici quelques jours à une semaine.
Une euthanasie déguisée ?
Dans ce courrier électronique, dont l'AFP a obtenu copie, le Dr Sanchez "espère pour Monsieur Vincent Lambert que chacun saura ouvrir une parenthèse et se rassembler, auprès de lui, afin que ces moments soient le plus paisibles, intimes et personnels". Une allusion aux positions inconciliables qui déchirent la famille depuis six ans : d'un côté, les parents fervents catholiques, un frère et une soeur s'opposent à l'arrêt des soins ; de l'autre, son épouse Rachel, son neveu François et cinq frères et soeurs veulent mettent fin à cet "acharnement thérapeutique". "C'est des monstres ! Des monstres ! C'est des nazis !", a d'ailleurs lancé depuis une voiture Viviane Lambert, la mère de Vincent, 73 ans, en passant devant l'établissement. "On va balancer les vidéos ! Je veux voir mon fils tant qu'il n'est pas encore trop endormi", a-t-elle aussi crié, en larmes.
Rassemblement devant l'hôpital
Dimanche, avec son mari Pierre, 90 ans, ils avaient organisé un rassemblement au même endroit pour dénoncer une "euthanasie déguisée". Quelque 200 personnes y avaient participé. Les parents estiment que leur fils est handicapé, et doit être transféré dans un établissement spécialisé. "Le coup de force continue, il est encore temps d'arrêter cette folie", ont également réagi dans un communiqué les avocats des parents, Jean Paillot et Jérôme Triomphe. Ils entendent en effet contraindre la France à appliquer les "mesures conservatoires" d'un organisme de l'ONU, le Comité des droits des personnes handicapées (CDPH), qui lui a demandé de surseoir à l'arrêt des soins, dans l'attente d'un examen du dossier sur le fond, qu'il mènerait.
Radiation du médecin réclamée
Sur RTL lundi matin, Me Paillot a précisé avoir saisi dans ce sens le Conseil d'Etat, la Cour européenne des droits de l'homme et "être sur le point de saisir la cour d'appel de Paris". Autre action envisagée : devant le tribunal correctionnel de Reims à l'encontre du Dr Sanchez, dont ils réclament la radiation. Ils mettent en avant notamment le dernier rapport d'experts mandatés par la justice, rendu fin 2018. Ces derniers avançaient que la condition médicale de Vincent Lambert "n'appelle aucune mesure d'urgence" et qu'"il existe en France des structures pouvant l'accueillir jusqu'à sa disparition si le maintien au CHU de Reims s'avérait impossible pour des raisons autres que relevant de la simple technique médicale". Ces mêmes experts affirmaient toutefois que son "état végétatif chronique irréversible" ne lui laisse plus "d'accès possible à la conscience".
Une obstination déraisonnable
La France répète cependant que les mesures conservatoires préconisées par le CDPH "sont dépourvues de caractère contraignant" et met en avant le "droit du patient à ne pas subir d'obstination déraisonnable". L'interruption des soins, la quatrième depuis 2013, a été validée par le Conseil d'Etat fin avril et les parents ont multiplié en vain les recours depuis. Samedi, Me Jean Paillot et Me Jérôme Triomphe ont imploré Emmanuel Macron de maintenir les traitements, qualifiant la mort programmée du patient de "crime d'Etat commis au prix d'un coup de force contre l'Etat de droit". "Le président de la République ne veut pas aller à l'encontre de décisions de justice", a répondu Nathalie Loiseau, tête de liste de la majorité aux élections européennes. "Pourquoi cette précipitation pour le conduire vers la mort ?", s'est étonnée samedi la Conférence des évêques, alors que François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes, a également demandé qu'on "se laisse le temps".
Père de la loi de 2016 régissant la fin de vie, Jean Leonetti, également premier vice-président LR, estime au contraire que l'arrêt des soins de Vincent Lambert s'inscrit bien "dans le cadre de la loi". Même si le patient n'a pas laissé de directives anticipée, son épouse et son neveu affirment que cet ancien infirmier avait pris position contre tout acharnement thérapeutique.