Peintre trisomique, Maryam expose dans le monde entier

A 23 ans, Maryam Alakbarli, expose dans le monde entier. Sa trisomie l'a poussée à s'exprimer autrement, encouragée par ses parents à faire les Beaux-Arts. Ses proches définissent ses peintures comme les "couleurs du cœur".

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Par Myriam Chaplain Riou

Les couleurs jaillissent de ses toiles, ses nus sont voluptueux, ses portraits déstructurés fascinants : Maryam, 23 ans, vient du lointain Azerbaïdjan. Mais là n'est pas sa seule originalité. Maryam est trisomique et pose sur le monde un regard unique. Elle exposait au Carrousel du Louvre en juin 2015. « C'est le talent et l'art de Maryam que sa famille veut mettre en lumière, pas son handicap », explique à l'AFP Anna, son amie et professeure de français. « Le Louvre, j'aime », dit Maryam avec gourmandise, égrenant avec application, en roulant les « r », le nom d'autres musées parisiens : « Orsay, Pompidou, Petit et Grand Palais, Jacquemart-André, Orangerie, Pinacothèque... »

La musique, le chant, la peinture…

Depuis bientôt quatre ans, Maryam Alakbarli, née le 4 juillet 1991 à Bakou, dans une famille de scientifiques, vit à Paris, avec sa tante Gohar. La trisomie 21 freine notamment Maryam dans le langage - même si elle comprend l'azéri, le russe, le français et un peu l'anglais - mais ses parents, depuis sa plus tendre enfance, l'ont poussée à s'exprimer autrement. D'abord par la musique, le chant, puis la peinture. « Maryam adore la musique classique, elle en écoute tous les soirs avant de dormir », confie Anna. « Oui, la musique, renchérit la jeune artiste, Mozart, Tchaïkovski, Bizet...». Mais aussi Edith Piaf. « Je ne regrette rien », chantonne-t-elle. Maryam rit, danse sur la musique azérie. Elle chante le « mugham » (musique traditionnelle de son pays), sur Skype, avec son père, et réalise des batiks au rythme des mélopées de cette ex-république soviétique du Caucase.

Un salon transformé en atelier

Après avoir étudié l'art à Bakou puis à Moscou, la jeune femme, joli carré auburn, yeux curieux et silhouette enfantine, a suivi des cours en auditeur libre aux Arts Déco et maintenant aux Beaux-Arts. « Je dessine (des) modèles vivants. Elle, c'est Cassandra », explique-t-elle en montrant un dessin. Dans son appartement aux balcons fleuris, près du Luxembourg, à Paris, le salon est transformé en atelier. De grandes toiles attendent d'être terminées. Là, un portrait d'une force maîtrisée, ici un nu sensuel, tout en rondeur, ailleurs un jaillissement abstrait.

« Les couleurs du cœur »

Maryam passe de la naïveté d'un bouquet de fleurs, à la complexité d'un visage, à la douceur d'un autoportrait, exprimant, au gré de son humeur et de son inspiration, la beauté, la joie, la mélancolie. La jeune femme chérit le soleil, la mer, l'espace, que ce soit à la plage, au jardin du Luxembourg, où elle se promène chaque jour, ou dans son œuvre. Elle lance son pinceau sur la toile avec des gestes amples, choisit les couleurs les plus éclatantes. « Les couleurs du cœur », dit Anna. Après avoir travaillé le dessin, la gouache ou l'acrylique, Maryam s'attaque désormais à l'huile. « Très difficile », reconnaît-elle, sérieuse. « C'est un plaisir de visiter des expositions avec elle. Elle voit autre chose que nous. S'émerveille d'un détail qu'on ne remarque pas. Regarde parfois au-delà du tableau...», confie Anna.

Des sens stimulés en permanence

Maryam étudie partout où elle va. Sa famille veut que son esprit et ses sens soient stimulés en permanence. Ses parents, son frère Djavid, étudiant en médecine, l'entourent de beaucoup d'amour, même quand ils sont loin. Maryam offre ses toiles à ceux qu'elle aime et chaque œuvre est précieuse pour sa famille qui, jusqu'ici, n'a rien vendu, assure Anna, même si la jeune artiste a déjà exposé à Bakou, Moscou, en Turquie, en Italie et plusieurs fois en France.

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