En ce mois d'août 2015, les Mondiaux d'athlétisme battent leur plein à Pékin, conférant aux Dieux du stade tout leur prestige. Des héros bien valides puisque la sanction vient de tomber pour les athlètes amputés équipés de prothèse : ils ne pourront plus courir ou sauter à leurs côtés lors des Mondiaux.
Polémique autour d'une lame
Ainsi en a décidé la Fédération internationale d'athlétisme. Il est vrai que la polémique fait rage dans les deux camps depuis plusieurs années déjà. Conçu en fibre de carbone, ce type de lame reproduit le mouvement de la patte arrière du félin qui s'étend pour atteindre le sol tandis que les muscles puissants de la cuisse tirent le corps vers l'avant. D'où son nom « cheetah » qui signifie « guépard » en anglais ! Les « anti » dénoncent un avantage technologique indéniable et une aide à l'impulsion. Les « pro », et notamment le concepteur de cette prothèse, Össur, assurent, à l'inverse, que « le Cheetah a les propriétés d'un pied normal, rien que ces propriétés ».
La « légende » Pistorius
Face à cette perplexité, l'IAAF a donc tranché. Selon son secrétaire général sortant, Essar Gabriel, « c'est une règle technique de compétition, le chapitre 5, qui a été approuvée ». Il « espère » cependant « que les personnes avec prothèse participeront à leurs propres compétitions ». Cette décision doit être mise en œuvre à compter de novembre 2015. On ne devrait donc plus voir la silhouette féline d'un Oscar Pistorius, amputé sous les deux genoux à l'âge de 11 mois (écarté par ailleurs des stades pour une raison plus tragique, l'homicide de sa compagne Reeva Steenkamp, article en lien ci-dessous) qui avait rivalisé avec les valides lors des Jeux olympiques de Londres en 2012 sur les séries du 400 m, n'arrivant toutefois pas à se qualifier pour la finale.
Un Allemand en saut en longueur
Ni celle de l'Allemand Marcus Rehm qui, en 2014, s'était élancé sur le saut en longueur avec sa prothèse, décrochant le titre national avec un bond de 8,24 m et la cinquième performance mondiale de l'année 2014. Malaise du côté de sa fédération nationale d'athlétisme qui, malgré sa performance, avait décidé de ne le qualifier ni pour les championnats d'Europe ni pour les Mondiaux de Pékin. Mais la messe n'est pas encore dite puisque les athlètes concernés ont encore la possibilité de faire appel devant le Tribunal arbitral du sport. C'est ce dernier qui avait autorisé Pistorius à participer aux JO de Londres, réfutant la décision de l'IAAF. Affaire à suivre !