Cinq millions d'Européens vivent avec un trouble du spectre de l'autisme, soit plus d'un sur cent, selon l'Organisation mondiale de la santé. L'absence d'un « statut standardisé et mutuellement reconnu pour ces troubles » complique leur déplacement au sein de l'Union, déplore le Parlement européen. « Cela crée des obstacles pour ceux qui vont dans un autre Etat membre pour travailler, étudier ou d'autres raisons, et complique leur accès aux aides », explique-t-il. Pour lever cette entrave, il a adopté, le 4 octobre 2023, une résolution réclamant une harmonisation des droits des personnes autistes au sein de l'UE, qui comporte 21 points.
Faciliter l'accès à la carte européenne du handicap
Concrètement, les députés européens demandent l'adoption d'un statut juridique européen qui tienne compte du « caractère spécifique de l'autisme et assure la protection et l'inclusion de toutes les personnes » concernées. Objectif ? Permettre une reconnaissance et une accréditation mutuelles dans tous les Etats membres. Le texte, porté par la vice-présidente du parti populaire espagnol, Dolors Montserrat, souligne également l'utilité de la carte européenne du handicap pour les personnes avec un handicap invisible, comme l'autisme. Pour rappel, la Commission européenne a proposé, le 6 septembre 2023, la mise en place de cet outil au format « carte de crédit » qui sera reconnu partout dans l'Union (Lire : C'est voté : bientôt une carte européenne du handicap?).
Une sensibilisation à grande échelle
Le Parlement européen appelle également les Etats membres à faciliter l'accès aux diagnostics. En outre, il souligne l'importance d'allouer des fonds de l'Union aux politiques de lutte contre les discriminations qui touchent les personnes autistes, notamment les femmes et les filles. A ce titre, il « prie instamment la Commission et les différents pays de contribuer à une meilleure compréhension de ce trouble et de prendre activement part à des campagnes de sensibilisation, en collaboration avec des personnes autistes et les organisations qui les représentent », « de manière à favoriser leur pleine intégration et leur participation ».
Et maintenant ?
La Présidente du Parlement doit maintenant transmettre cette résolution au Conseil et à la Commission européenne ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des 27 États membres. Rappelons qu'une résolution n'a pas de valeur contraignante mais elle atteste toutefois « de l'opinion que le Parlement européen transmet aux deux autres institutions afin qu'elles en tiennent compte et, pour la Commission, en tire un projet de directive ou de règlement », précise Sylvie Guillaume, députée européenne. « Tout ceci est ténu mais la médiatisation de ce genre de vote permet aux associations nationales, aux familles et aux intéressés de s'en saisir et de s'y appuyer pour demander des actions concrètes. C'est donner un pouvoir d'interpellation », ajoute-t-elle. La mise en place effective peut donc encore prendre des mois…