Elon Musk avait affirmé en mars 2024 sur son réseau social X que le prochain projet de Neuralink, baptisé "Blindsight", pourrait restaurer la vue des personnes non-voyantes, même de naissance, assurant que cet implant cérébral fonctionnait déjà sur des singes.
Un principe "erroné"
"La résolution sera faible au début, comme les premiers graphismes de Nintendo, mais pourrait dépasser au final la vision humaine normale", a ajouté le patron de Tesla et SpaceX. Mais le projet d'Elon Musk repose sur le principe "erroné" qu'implanter des millions de petites électrodes dans la partie du cerveau chargée de traiter les informations visuelles aboutira à une vision en haute résolution, a indiqué dans un communiqué Ione fine, professeure de psychologie à l'Université de Washington et co-auteure de l'étude publiée le 29 juillet 2024 dans la revue Scientific Reports.
Création d'un code neuronal
Les chercheurs ont créé, à partir de données issues d'animaux et d'humains, un modèle informatique, sorte de patient virtuel, afin d'étudier quelle serait l'expérience vécue avec un implant cérébral du type "Blindsight". "Les ingénieurs pensent souvent que les électrodes produisent des pixels mais ce n'est pas la façon dont la biologie marche", a expliqué Ione fine. Obtenir une bonne vision implique non seulement la stimulation de cellules individuelles, comme le font les implants, mais aussi la création d'un code neuronal qui se diffuse à des milliers de cellules.
Des résultats "limités"
Pour Ione fine, les scientifiques sont encore loin de savoir comment créer le code neuronal nécessaire pour restaurer la vue d'une personne non-voyante, ce qui signifie que les résultats obtenus par l'implant de M. Musk seraient limités. "Beaucoup de personnes deviennent aveugles tard dans leur vie" et "on peut désespérer de retrouver la vue", a poursuivi la professeure. "Donc quand Elon Musk dit des choses comme 'cela va dépasser la vision humaine', c'est dangereux".
Neuralink, dont le siège se situe à Fremont (Californie), a posé en janvier son premier implant cérébral sur un patient, Noland Arbaugh, 29 ans, tétraplégique depuis un accident de plongée.
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