Plus de 70 millions de personnes bégaient dans le monde, dont 650 000 en France, soit 1 % de la population, masculine pour la plupart. Le président américain Joe Biden (article en lien ci-dessous). Line, 41 ans, elle aussi. « Ce bégaiement qui effrayait tant de gens, les enfants, mes parents, les passants, les commerçants, les condescendants et même les cons montants… Et à force de ne compter que sur moi, de travail et de volonté, moi qui suis si grande, j'ai fini par me dépasser », témoigne-t-elle, face caméra. Elle appelle à « voir le handicap comme une manière de sortir du lot et d'être entendu... l'assumer pour en faire un allier ». Line fut le prix du jury 2020 de l'Eloquence du bégaiement, un concours créé par Mounah Bizri, vice-président de l'APB (Association parole bégaiement), qui entend « prendre le bégaiement à contre-pied, l'accepter pour mieux le dompter ». Son credo, un peu provocateur : « M'auriez-vous écouté si je n'avais pas bégayé ? ».
Un coaching dédié
Ce concours repose sur le programme de coaching d'éloquence de l'APB qui, inspiré d'une approche anglo-saxonne, permet d'améliorer la communication orale et verbale. Durant sept semaines, il propose un parcours de 24 heures d'ateliers et 24 heures de formations/ masterclass, avec un coaching individuel encadré par une vingtaine d'intervenants. Chaque année, si sur la trentaine de postulants il n'y a qu'un seul finaliste, tous sont gagnants car, in fine, leur but est de se dépasser. Il sera dévoilé lors de la troisième grande finale le 23 novembre 2021 au théâtre Bobino, à Paris 14. Pas moins de 900 spectateurs sont attendus, ce qui en fait le « plus grand événement au monde sur le bégaiement », selon ses organisateurs. Un documentaire retrace cette aventure (vidéo ci-dessus).
Transposable à d'autres handicaps
L'association se félicite de « résultats probants avec des prestations remarquables » lors des deux derniers concours. Cette formation a permis une « amélioration significative de la confiance en soi lors de prises de parole ». Les candidats témoignent d'un « changement impactant » dans leur quotidien. Cette méthode porte un message universel : « Quelle que soit notre vulnérabilité, s'accepter et oser affronter ses peurs changent une vie ». C'est la raison pour laquelle elle est actuellement à l'étude pour être transposée à d'autres handicaps comme l'autisme, la surdité ou la trisomie 21.
Une soirée spéciale le 22 octobre
Le 22 octobre 2021, de 20h à 22h, l'APB organise une réunion autour d'invités qui témoigneront de l'importance de « parler pour que les choses changent ». Laurent Lagarde partagera, notamment, son expérience à la fois de personne qui bégaie, de créateur du blog Goodbye Bégaiement et d'écrivain. Sarah Hervé présentera, à travers sa pratique d'orthophoniste, le travail réalisé avec les enfants et les adolescents afin de les aider à parler de leur trouble. Cette soirée sera diffusée sur la chaîne YouTube de l'association (en lien ci-dessous). Elle est organisée à l'occasion de la Journée mondiale du bégaiement qui, en 2021, a pour thème « Parlons pour créer le changement ».
Rappelons que, même si les avis divergent sur le « statut » du bégaiement, il est bel et bien reconnu par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) et peut donner droit à une RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) (article complet en lien ci-dessous).