Le handicap au cœur de la mandature du 46e président des Etats-Unis ? Le 13 octobre 2020, Donald Trump, publiait un photomontage montrant son successeur, Joe Biden, en fauteuil roulant dans une maison de retraite, légendé « Biden comme résident » au lieu de « président ». « Cette caricature est symbolique de la manière dont la mandature Trump a été marquée par les attaques et les moqueries envers les personnes handicapées », souligne le journal Libération. Pourtant, un Américain sur cinq serait concerné. Contrairement à son prédécesseur, évoquant publiquement son bégaiement, Joe Biden semble vouloir libérer la parole et démystifier le handicap. Dans son premier discours de président-élu, le 7 novembre 2020, il mentionne le sujet, au même titre que la couleur de peau, la religion ou le genre dans la « reconstitution du rêve américain », promettant un pays plus « uni » et « inclusif ».
Un handicap formateur...
Jeune, Joe Biden était plus réservé, voire complexé. Son bégaiement lui a mené la vie dure durant toute sa scolarité, attisant brimades et critiques et provoquant sa « rage » et « sa honte ». Sa sœur, Valérie, a toujours été persuadée du caractère « formateur » de ce handicap. « Joe savait ce que c'était d'être différent et cible de moqueries », explique-t-elle. Une lutte que le Démocrate a évoqué à plusieurs reprises lors de sa course à la présidentielle. « J'ai travaillé toute ma vie pour vaincre le bégaiement et je suis fier d'inspirer des enfants qui passent également par là. Cela s'appelle l'empathie », avait-il rétorqué à Sarah Sanders, lorsque l'ex-porte-parole de la Maison Blanche s'était moquée de sa diction parfois « hésitante » et « saccadée ».
... qu'il est possible de surmonter !
Un handicap qu'il a réussi à maîtriser avec le temps, mais qui, selon lui, est « le dernier dont on se moque encore » et que « l'on utilise pour humilier quelqu'un ». « Quand j'étais enfant, je p-p-p-p-arlais comme ça. Quand je dis cela, certains d'entre vous sourient. Si j'avais dit : 'Quand j'étais enfant, j'avais un bec de lièvre ou une main artificielle et les gens se moquaient de moi,' personne n'aurait osé sourire », expliquait-il sur la chaîne américaine CNN il y a quelques mois. Citant le film oscarisé Le discours d'un roi, de Tom Hooper, qui relate l'histoire du monarque britannique George VI et de son combat contre son bégaiement, Joe Biden affirme qu'il est « possible de le surmonter ». « Il est extrêmement important que les jeunes qui bégaient ne se jugent pas eux-mêmes par leur expression orale. Ils ne doivent pas la laisser les définir », exhorte le président américain. Il poursuit : dans le film, « l'homme qui aide le roi à écrire son discours fait comme moi quand j'écris les miens, il les rythme de la même façon, en faisant en sorte de ne jamais parler trop vite ».
Un modèle inspirant
Ces conseils, il les essaime pour aider de nombreuses personnes bègues à reprendre confiance en elles, comme en témoigne Brayden Harrington. En août 2020, ce jeune américain assurait sur NBC News : « Sans Joe Biden, je ne serais pas là pour vous parler » (article en lien ci-dessous). « C'est vraiment génial de voir que quelqu'un comme moi est devenu vice-président » (de Barack Obama), se félicitait l'adolescent qui expliquait avoir bénéficié des conseils de lecture de Biden, lui recommandant notamment un livre de poèmes du dramaturge irlandais William Butler Yeats. Son investiture, le 20 janvier 2021, enverra-t-elle un message d'espoir aux personnes bègues, et à d'autres ?