Exit la « norme » esthétique selon laquelle, il faut être grand(e), fin(e), et avoir deux bras et deux jambes ! Le « body positive » se propage depuis plusieurs mois sur les réseaux sociaux. Son credo : tous les corps sont sexy ! Ce mouvement social incite à la confiance en soi et prône une diversité de la beauté, et les personnes handicapées ne sont pas en reste. En avril 2019, 19 modèles âgés de 2 à 54 ans ont posé pour le projet photo « Limb difference awareness », une campagne de sensibilisation, dirigée par l'agence britannique Zebedee management (article en lien ci-dessous), qui vise à mettre en valeur les personnes ayant des « membres différents ». Amputés ou nés avec des malformations congénitales, ils ont accepté de se mettre à nu, ou presque, et ont multiplié les poses pour célébrer leur différence.
Se construire dans l'adversité
Pour pousser l'acceptation de soi à son paroxysme, la photographe britannique Elise Dumontet a demandé à ses modèles de poser en sous-vêtements. Certains avaient enfilé leurs plus belles prothèses, d'autres étaient dans leur plus simple appareil. Résultat : des clichés percutants, stupéfiants et sans tabou. Parmi eux, des vétérans, des personnes victimes d'accident de voiture, de méningite, de cancer, de diabète… Tous ne sont pas nés avec un bras ou une jambe en moins. Certains ont dû apprendre à accepter ce corps différent, transformé, un travail laborieux et chronophage mais qui a fini par porter ses fruits. Ils ont également été contraints de vivre avec les regards insistants, parfois moqueurs ou emprunts de pitié. Des expériences douloureuses mais qui, selon eux, ont forgé leur caractère. « Etre amputée en 1990, c'était extrêmement difficile car cela signifiait être un outsider, une personne anormale, bizarre », explique Nancy. Si elle consent que c'est « un peu plus facile aujourd'hui », il y a encore des progrès à faire en termes d'acceptation de la différence. « Quoi qu'il en soit, depuis, j'ai gagné en confiance et je n'ai jamais été aussi forte que depuis que j'ai perdu ma jambe droite », ajoute-t-elle.
Représentation peu diversifiée à la TV
Aujourd'hui, plus confiants que jamais, les modèles se dévoilent, corps et cœurs ouverts, pour un objectif qui les dépassent : favoriser une représentation diversifiée de la population dans les medias et les publicités. En France, alors que 12 millions de personnes sont handicapées, soit 20 % de la population, seules 0,7 % sont identifiables comme telles, à la télévision (article en lien ci-dessous). « Je suis différent, amputé et je suis beau, affirme Jamie, l'un des modèles. Mon corps attire souvent le regard des passants, certains vont même jusqu'à me demander ce qui m'est arrivé. Je suis habitué maintenant mais j'espère qu'avec une plus grande exposition, les gens ne ressentiront plus le besoin de m'interroger, de remettre en question mon histoire et de m'observer. Après avoir passé 14 ans en fauteuil roulant, j'ai choisi de me faire amputer pour pouvoir marcher et courir à nouveau. » Un choix qu'il assume et lui a permis d'améliorer « ses chances dans la vie ». « Perdre mon bras et mon épaule a été la meilleure chose qui me soit arrivée ! », explique Dan. Cette épreuve lui a permis de prendre conscience de l'importance de chacune des parties de son corps, à commencer par son « pouce » ! Des témoignages encourageants qui envoient valser les critiques. Un peu plus tôt, le 2 avril, l'agence Zebedee management avait déjà organisé un shooting avec des personnes porteuses de trisomie 21, à l'occasion de la Journée dédiée.