Budget de la Sécu pour 2021: la facture du Covid!

Plombée par le Covid, la Sécurité sociale devrait afficher un lourd déficit dans son budget 2021 sous le signe de l'épidémie et de ses conséquences économiques mais aussi de nouvelles dépenses à crédit. Les personnes handicapées sont concernées.

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Par Gabriel Bourovitch

Après le choc de la crise sanitaire, la Sécu passe à la caisse. Contrairement au budget de l'Etat, déjà rectifié trois fois en cours d'année, les comptes sociaux sont officiellement inchangés depuis la dernière loi de financement votée en décembre 2019. Le gouvernement a pourtant reconnu dès le printemps que le Covid allait plonger la Sécu dans un déficit abyssal : 52 milliards d'euros selon la dernière prévision mi-juin, dont 31 milliards pour la branche maladie et 15 milliards pour la branche retraite. Des chiffres qui seront actualisés le 29 septembre 2020 au matin par la Commission des comptes de la sécurité sociale, au vu des nouvelles prévisions de Bercy, un peu moins pessimiste pour la récession cette année (-10% tout de même) et confiant dans un net rebond (+8%) l'an prochain, ce qui devrait se traduire par des recettes légèrement moins mauvaises que prévu.

Dépenses santé s'envolent

La forte hausse du chômage (attendu à 9,5% fin 2020) et le maintien en activité partielle de nombreux salariés (encore 1,3 million de personnes en août) risquent toutefois de réduire durablement les rentrées de cotisations. Dans le même temps, les dépenses de santé s'envolent, pour acheter massivement des masques, puis des tests de dépistage et peut-être bientôt des vaccins mais aussi pour concrétiser les engagements du "Ségur de la santé". Revalorisations salariales et plan d'investissement vont ainsi gonfler de plusieurs milliards l'enveloppe des hôpitaux et cliniques. Les négociations en cours entre l'Assurance maladie et les soignants libéraux pourraient encore alourdir la note.

La 5è branche autonomie dans la boucle

L'exécutif n'entend pas s'arrêter en si bon chemin, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a en effet garanti "au moins un milliard d'euros" supplémentaires pour la nouvelle "cinquième branche" autonomie (article en lien ci-dessous), qui regroupera à partir de l'an prochain les crédits destinés aux personnes handicapées et aux personnes âgées dépendantes. Du grain à moudre en attendant la loi "grand âge" promise depuis deux ans par Emmanuel Macron et de nouveau repoussée au "début de l'année prochaine", le chef de l'Etat refusant d'augmenter les impôts dans l'immédiat pour la financer, selon une source proche du dossier. Il ne s'est en revanche pas privé d'annoncer lui-même l'allongement du congé paternité à 28 jours (dont 7 obligatoires) à partir de juillet 2021, ce qui coûtera 250 millions à la branche famille l'an prochain, puis 500 millions en 2022.

Le choix de la dette

Une prodigalité qui a peu de chances d'être prise en défaut ; avec une inflation quasi-nulle (0,2% en août), les habituels coups de rabot sur les retraites, les pensions d'invalidité et les allocations familiales s'avèrent superflus. Pas question non plus de "demander aux Français un effort fiscal", a prévenu le Premier ministre, Jean Castex. A une exception près, les complémentaires santé devront payer une "contribution exceptionnelle" (un milliard d'euros en 2021, 500 millions en 2022) au titre des sommes qu'elles n'ont pas dépensées pendant et après le confinement. Faute d'économies et d'autres prélèvements, l'avant-dernier budget du quinquennat creusera un peu plus la dette. Un choix assumé par le gouvernement, qui a fait voter cet été la possibilité d'ajouter au "trou de la Sécu" jusqu'à 92 milliards de déficits cumulés sur la période 2020-2023. Le retour à l'équilibre, brièvement entrevu en 2018 avant la crise des "gilets jaunes", semble dans ces conditions devoir être renvoyé aux calendes grecques.

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