"Des enfants étaient assis sur des chaises sans bouger (...), certains se balançant d'avant en arrière, se blessant, mordant leur main ou se touchant les yeux avec les doigts." Le Comité d'Helsinki et Disability Rights International (DRI) ont évoqué dans différents rapports la persistance des violences subies par des orphelins handicapés en Bulgarie, issus pour la plupart de familles pauvres et placés sous la protection de l'enfance, malgré les réformes réclamées à ce pays ayant rejoint l'Union européenne en 2007. Leurs conclusions sont contestées par Sofia.
Violences physiques et verbales
"Dans un établissement, les enfants avaient la tête rasée" pour faciliter les soins d'hygiène. Dans un autre, "nous avons observé deux cages à enfants destinées à limiter leurs interactions sociales". Certains enfants "ne sortent jamais sauf sur le balcon ou dans une cour clôturée", écrit le DRI, basé à Washington. Le comité d'Helsinki a évoqué la prescription de tranquillisants aux enfants dont certains étaient attachés à leurs lits, ainsi que des violences physiques et verbales infligées par le personnel de trois établissements du centre du pays. L'UNICEF relève de son côté dans un communiqué "la nécessité d'efforts supplémentaires" pour soutenir préventivement les familles en difficulté et permettre le maintien du lien filial entre les parents biologiques et leurs enfants.
Echec de l'éducation inclusive
La Bulgarie s'évertue à fermer les grands orphelinats hérités du communisme et tente d'améliorer l'intégration sociale d'enfants handicapés, qui représentent près de la moitié des plus de 3 000 mineurs pris en charge par l'aide publique. Le Comité d'Helsinki dénonce un "transfert des formes les plus inhumaines et inacceptables de violence institutionnelle" dans les nouvelles structures, même quand elles n'accueillent pas plus de quatorze pensionnaires. "La Bulgarie a échoué à créer un système de soutien par la communauté, une éducation inclusive et des centres de jour pour aider les familles à garder leurs enfants handicapés", estime aussi le DRI.
Ministre limogé
Mis en cause pour la lenteur de son administration, le ministre bulgare des Affaires sociales a été limogé le 29 novembre 2019. Un lien n'a pas été établi par les autorités entre ce limogeage et la sortie du rapport du DRI. Le ministère des Affaires sociales a, au contraire, qualifié ces conclusions de "tendancieuses et non représentatives" des efforts engagés en Bulgarie. "La vie des enfants handicapés s'est améliorée après la destruction des grands établissements", affirme le gouvernement, qui a mené sa propre enquête.