Bulgarie : le quotidien inhumain en hôpital psychiatrique

En Bulgarie, des résidents d'établissements psychiatriques se retrouvent livrés à eux-mêmes, frappés et vivent dans des conditions "inhumaines", "dégradantes"... Le comité anti-torture de l'Europe exhorte le pays à changer d'approche en urgence.

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Des résidents cloués à l'isolement et attachés à leur lit à l'aide de ceinture des jours durant, avec des couches en guise de toilettes, d'autres giflés, frappés à coup de poing, de pied et de bâton par le personnel et maintenus de force... C'est le quotidien effroyable de certains hôpitaux psychiatriques et foyers sociaux. Dans une déclaration publique le 4 novembre 2021, le Comité du conseil de l'Europe pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) critique vivement le manque de mesures prises par les autorités pour régler ces « graves problèmes » et les exhorte à changer « radicalement » d'approche en matière d'offre de soins en santé mentale et de services institutionnels d'assistance sociale.

Des traitements « inhumains »

Depuis 1995, les délégations du CPT, particulièrement inquiètes du sort réservé aux Bulgares présentant un handicap psychique ou une déficience intellectuelle, ont effectué quatorze visites dans ce pays des Balkans. Mais les conditions d'hygiène et les traitements « inhumains », ainsi que les mesures de contentions « dégradantes » relatés par plusieurs résidents lors des dernières observations prouvent que la situation n'a guère évolué, bien au contraire. Certains, livrés à eux-mêmes, expliquent dormir dans « des dortoirs sales équipés de lits souillés d'où se dégage une odeur d'urine nauséabonde, avec un grand nombre de mouches agglutinées sur eux ». D'autres ont indiqué que leurs mains avaient été attachées au-dessus de leur tête, provoquant « des douleurs, des gonflements et la perte de sensations dans les membres supérieurs ».

La pénurie « déplorable » de personnel dans ces établissements est le résultat de « décennies de négligence et de manque de soutien de la part des autorités bulgares », estime le CPT, soulignant que les équipes de direction doivent se débrouiller seules au jour le jour avec des ressources humaines « totalement insuffisantes » et sans financement adéquat.

Mettre fin à l'approche paternaliste du handicap

Face à ce constat « déplorable », l'objectif de cette déclaration est de motiver les autorités bulgares, et en particulier les ministères de la Santé et du Travail et de la Politique sociale, à prendre des mesures décisives « conformes aux valeurs fondamentales » auxquelles la Bulgarie, en tant qu'Etat membre du Conseil de l'Europe et de l'Union européenne, a souscrit. Selon le CPT, une « action urgente » est nécessaire dans tous les domaines : législation, infrastructures, ressources humaines et formation, ainsi que le développement de prises en charge biopsychosociales conformes aux pratiques modernes du Vieux continent. Il incite notamment à lutter contre la stigmatisation de la santé mentale, changer « l'approche paternaliste » de surveillance des personnes atteintes de troubles psychiatriques et des pensionnaires des foyers sociaux, les impliquer dans leur traitement et leur prise en charge et faire de « véritables efforts » pour intégrer les personnes handicapées dans la collectivité, « plutôt que de les cacher honteusement dans des lieux éloignés ».

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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