Comment faire lorsqu'un bus refuse de s'arrêter pour prendre une personne en fauteuil roulant ? Un passager a trouvé la solution, se lancer à sa poursuite. Cette « anecdote » relevée par Le Parisien fait, depuis, le tour des medias. La scène se passe le 23 juillet 2018 sur la ligne 173, à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Soumaïla Traoré, un habitant de Pontoise (Val d'Oise), amputé des quatre membres, attend son bus depuis 12 minutes. Il en voit arriver un premier qui refuse de déployer sa rampe au motif qu'il s'est placé trop loin du trottoir. Mais le chauffeur le rassure, un deuxième bus est annoncé. Il arrive en effet quelques minutes plus tard ; le conducteur ne consent pas à ouvrir sa porte, regarde Soumaïla d'un air désolé et repart.
5 secondes pour réagir
« J'ai ressenti un sentiment d'abandon, explique Soumaïla au Parisien. J'ai réfléchi cinq secondes, le temps de voir le deuxième bus partir, en me laissant là. Je me suis alors dit que j'allais essayer de le rattraper parce que je ne trouvais pas cela acceptable. » Une course poursuite s'engage et, deux arrêts plus loin, l'intrépide finit par le doubler et se poste devant, refusant de bouger tant qu'il n'aura pas obtenu gain de cause. Enjoignant le chauffeur à contacter sa hiérarchie, il finit par embarquer, sans aucun témoignage de solidarité des autres passagers qui n'ont guère apprécié ce contre-temps.
Point noir sur l'accessibilité
Pour justifier la situation, la RATP a invoqué le fait que la ligne concernée n'était pas encore accessible aux personnes handicapées -une ligne est considérée comme accessible lorsqu'au moins 70% de ses arrêts sont adaptés, ses trottoirs aménagés pour les personnes en fauteuil roulant, les bus équipés de rampes d'accès et les conducteurs formés -. Dans ces circonstances, les chauffeurs prennent le risque d'être sanctionnés pour « faute professionnelle » s'ils acceptent de prendre en charge une personne en fauteuil roulant à un arrêt non-accessible, précise la RATP. Selon l'exploitant, l'ensemble du réseau de bus parisien (63 lignes) et plus de 70% du réseau de banlieue (plus de 200 lignes) peuvent être empruntés par des personnes en fauteuil roulant. « À horizon 2021, 100% des lignes de bus seront accessibles », assure encore la RATP. La ligne 173 le sera, quant à elle, fin 2018.
Ailleurs, même galère…
Ce type de mésaventure n'est pas l'apanage des Franciliens. En mars 2018, Julien et Rudy, deux Lyonnais en vadrouille à Marseille avaient publiquement fait part d'une galère similaire (article en lien ci-dessous), deux chauffeurs refusant de déployer leur rampe pour permettre l'accès du fauteuil électrique de Rudy. Pour quel motif ? Elles font « tomber les bus en panne ».
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