La France a connu cet été des épisodes caniculaires historiques avec des températures avoisinant par endroit les 40 degrés. Si des messages de prévention ont été largement déployés pour protéger la santé physique des Français, aucune communication n'a été diffusée concernant les risques potentiels des fortes chaleurs sur la santé mentale. Des chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont publié, le 22 août 2022, une étude dans l'American journal of epidemiology qui montre une corrélation entre la hausse des températures et de la mortalité, notamment des suicides. Ils ont ainsi épluché les registres des décès des 49 dernières années et croisé ces données avec les bulletins météos quotidiens sur cette période. Sur 24,4 millions de décès enregistrés, 502 000 le sont par suicide.
Baisse de sérotonine
Contrairement aux autres causes de décès liés aux températures froides, la mortalité par suicide « croît régulièrement à mesure que la température augmente ». Elle est ainsi classée au septième rang des causes de décès les plus influencées par la chaleur. Les scientifiques avancent plusieurs hypothèses pour expliquer ce phénomène. D'une part, sur le plan biologique, « des travaux indiquent une tendance à la baisse des niveaux de sérotonine quand la température est élevée ». En trop faible quantité, l'hormone du bonheur peut engendrer des dépressions et de l'anxiété et donc être « impliquée dans le passage à l'acte suicidaire », précise Rémy Slama, directeur de recherche. En parallèle, le niveau de cortisol, l'hormone du stress, a tendance à augmenter en été, lors des pics de chaleur, selon une étude polonaise publiée en 2018. Autre facteur observé, la baisse d'interactions sociales en période caniculaire. Celle-ci pourrait également jouer sur l'humeur et donc le passage à l'acte.
L'impact du changement climatique
De manière générale, les nombreux aléas climatiques qui ont marqué ces derniers mois ont éprouvé la santé mentale. Le terme « éco-anxiété » est désormais sur toutes les lèvres. Ce trouble anxieux, qui toucherait 84 % des 16-25 ans selon l'Inserm, se définit comme la « peur chronique d'une catastrophe environnementale ». « L'association à court terme entre la température et le risque de suicide pourrait être prise en compte dans les campagnes de prévention liées aux effets de la chaleur et au suicide », interpellent les chercheurs de l'Inserm. En cas de détresse psychologique, il existe plusieurs numéros ou plateformes utiles : le 31 14 (Prévention suicide), Suicide écoute (01 45 39 40 00) (articles en lien ci-dessous) ou encore « Dites je suis là ».