Un an de répit. C'est le temps qu'il reste aux patients qui bénéficient d'un accès expérimental au cannabis thérapeutique depuis mars 2021. Le 19 mars 2025, le ministère de la Santé a annoncé prolonger de façon « exceptionnelle » cette étude qui devait initialement se terminer à la fin l'année 2024. Il s'agit « d'une nouvelle étape pour le développement d'un accès encadré et sécurisé au cannabis médical en France », assure le ministère dans un communiqué. De plus, « les textes définissant le cadre de production et d'autorisation du cannabis à usage médical ont été notifiés à la Commission européenne », peut-on lire dans le communiqué.
Fin de l'expérimentation : une « catastrophe » pour de nombreux patients
« Si l'expérimentation avait pris fin, le noyau dur des patients de cette étude, répondant bien au traitement, auraient été en souffrance. Ça aurait été pour eux une catastrophe », affirme Nadine Attal, Professeur de thérapeutique et de médecine de la douleur à l'université UVSQ Paris-Saclay et responsable d'une structure douleur chronique à l'hôpital Ambroise-Paré AP-HP, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Nous sommes allés à sa rencontre ; une rencontre filmée à retrouver sur Handicap.fr et ses réseaux sociaux (vidéo ci-dessus).
L'avis de la HAS très attendu
Délivrée par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), l'accès au cannabis médical est également encadré par la Haute autorité de santé (HAS), actuellement en charge d'évaluer l'intérêt thérapeutique du cannabis. « Son avis, attendu dans les prochains mois, déterminera si ces médicaments pourront être pris en charge par l'Assurance maladie et à quel taux de remboursement », fait savoir le ministère de la Santé.
Impact positif sur la douleur chronique, le sommeil et les troubles anxieux
Le cannabis médical, particulièrement dans sa combinaison THC-CBD, « offre une réduction mesurable de la douleur ainsi qu'une amélioration de la qualité de vie chez certains patients souffrant de douleurs chroniques réfractaires. Un impact positif a également été observé sur le sommeil et les troubles anxieux associés », affirme le Pr Nadine Attal. Les critères de prescription sont bien précis et cibles des profils particuliers, notamment les patients (3 000 au total) souffrant de douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles (médicamenteuses ou non), ayant certaines formes d'épilepsie pharmaco-résistantes ou certains symptômes rebelles en oncologie liés à un cancer ou à un traitement anti-cancéreux. Les polyneuropathies, lésions postchirurgicales, sclérose en plaques, sciatique ou accidents vasculaires cérébraux y figurent.
Quels espoirs pour la France ?
Si la France évolue doucement sur l'accès au cannabis médical, à l'image de l'Allemagne où la prescription par les généralistes est possible, plusieurs experts, dont le Professeur Attal, prônent une future démocratisation encadrée, anticipant une meilleure disponibilité et une production européenne adaptée à la demande clinique.
© Clotilde Costil