« Le problème avec le cannabis thérapeutique, c'est l'amalgame entre le récréatif et le médical. C'est comme dire que l'on est héroïnomane quand on prend du tramadol. » Cyril Chappes est l'un des premiers patients à participer à l'expérimentation de l'usage médical du cannabis lancée en mars 2021. Malgré l'efficacité de son traitement et son cadre légal, Cyril doit faire face à de nombreuses idées reçues. Une raison qui l'a poussé à nommer son association « CThérapeutique » plutôt que « Cannabis thérapeutique », pour « éviter toute confusion ». Dans une interview vidéo inédite (ci-contre) à retrouver sur Handicap.live et les réseaux sociaux de Handicap.fr, l'homme originaire de Colombes (Hauts-de-Seine) se confie sur son parcours avec cette molécule qui a drastiquement changé son quotidien.
Des douleurs intenses depuis un AVC
En 2019, un AVC bouleverse sa vie. Depuis, il vit avec des douleurs neuropathiques intenses qu'aucun traitement ne peut soulager. Aucun ? Pas tout à fait ! Après des années d'errance thérapeutique (il prend différents traitements : antidépresseurs, antiépileptiques, forts antalgiques, sans succès), Cyril est inscrit dans un protocole médical unique, le cannabis médical, encadré par l'hôpital Ambroise-Paré, sous la direction de la professeure Nadine Attal, spécialiste de la douleur (Cannabis médical: échange avec une spécialiste de la douleur).
Un traitement encadré sous forme d'huile
Grâce à ce traitement, ses douleurs s'atténuent suffisamment pour lui redonner un peu de souffle au quotidien. Il se rend à l'hôpital tous les trimestres pour faire un bilan de parcours. Le traitement s'administre sous forme d'huile, sur ordonnance sécurisée par un médecin et une pharmacie spécialisée, garantissant la sécurité et l'ajustement du dosage. Toutefois, la formation insuffisante des professionnels et l'accès restreint aux points de distribution freinent son développement, pénalisant les patients les plus fragiles.
SEP, maladie des os de verre, soins palliatifs…
Pour Cyril, c'est tout de même une porte entrouverte vers une vie un peu plus supportable. Ce n'est pas la fin de la douleur. Mais certainement le début d'un nouvel espoir. Au sein de son association, une quinzaine de patients bénéficient également de l'expérimentation, pour des pathologies très variées, de la sclérose en plaques à la maladie des os de verre, en passant par des personnes en soins palliatifs.
Un traitement remboursé en 2026 ?
La décision de la Haute autorité de santé (HAS) concernant le remboursement du cannabis médical, attendue pour 2026, pourrait ouvrir la voie à un déploiement national, « déjà validé par la communauté européenne », selon Cyril Chappes. Ce potentiel essor pose un défi de formation massive auprès des professionnels de santé, condition essentielle pour répondre aux besoins croissants des patients.
© Capture écran / Clotilde Costil
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