Cannabis médical : un espoir contre la SEP douloureuse

Réduction de la douleur, des spasmes, de l'anxiété... Une nouvelle étude française dévoile les effets prometteurs du cannabis médical sur les personnes atteintes de sclérose en plaques avec spasticité douloureuse, à l'occasion de la Journée mondiale.

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Le cannabis thérapeutique, une piste prometteuse pour les personnes atteintes de sclérose en plaques ? L'étude CANNAMS, encadrée par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en collaboration avec le réseau national de recherche clinique CRC-FCRIN4MS, livre des résultats préliminaires « encourageants », ouvrant la voie à une possible généralisation de son utilisation. Zoom sur cette alternative innovante à l'occasion de la Journée mondiale de la sclérose en plaques, le 30 mai 2025.

80 % des patients affectés par la spasticité douloureuse

Surnommée « SEP », cette maladie auto-immune chronique du système nerveux central affecte environ 130 000 personnes en France, en majorité des femmes jeunes (entre 25 et 35 ans au moment du diagnostic). Elle se manifeste par une grande variété de symptômes : troubles moteurs, visuels, cognitifs ou sensitifs. Parmi eux, la spasticité – une raideur musculaire douloureuse – touche jusqu'à 80 % des patients au cours de l'évolution de la maladie. Lorsque celle-ci ne répond plus aux traitements conventionnels, on parle de « spasticité douloureuse rebelle », un symptôme lourd ayant un fort impact sur la qualité de vie, l'autonomie et le sommeil des patients.

Une étape inédite dans le traitement de la SEP

Lancée en mars 2021, l'expérimentation du cannabis médical en France a pour objectif d'évaluer la faisabilité de la mise à disposition du cannabis médical dans un cadre sécurisé et rigoureux pour des pathologies graves en impasse thérapeutique, comme certaines formes de douleurs chroniques, de maladies neurologiques ou de spasticité. « Si certains traitements ont déjà obtenu une autorisation de mise sur le marché à l'international suite à de précédentes études, ils ne sont malheureusement pas commercialisés dans notre pays », indique le réseau CRC-FCRIN4MS. « L'étude CANNAMS marque ainsi une étape inédite dans le traitement de la sclérose en plaques, avec pour la première fois en France l'allocation de moyens pour permettre aux patients atteints de spasticité douloureuse de tester le cannabis médical et d'en évaluer l'efficacité dans cette indication », poursuit-il.

Nette amélioration de la qualité de vie

Parmi les 2 486 patients inclus dans l'expérimentation nationale, 309 ont été suivis pour une spasticité douloureuse liée à la SEP. Ils ont reçu principalement des huiles administrées par voie orale, contenant des cannabinoïdes (CBD et THC) avec des ratios adaptés à chaque cas clinique. Dès trois mois de traitement, les patients ont rapporté une « amélioration significative » de leurs symptômes : réduction de la douleur, des spasmes, de l'anxiété... Parmi eux, Jean-Luc, diagnostiqué en 2005 d'une SEP avec spasticité rebelle, témoigne d'une qualité de vie « nettement améliorée ». « Même s'il ne soigne pas tout, le cannabis médical est une vraie aide : ma raideur a diminué, j'ai retrouvé du tonus, une meilleure amplitude dans la main, et je dors beaucoup mieux. Avant, je me réveillais la nuit toutes les 2 heures alors qu'aujourd'hui, ça n'arrive qu'une seule fois, se réjouit-il. C'est simple, je ne pourrais plus m'en passer. »

Ces effets ont été maintenus jusqu'à 24 mois chez les personnes poursuivant le traitement. 76 % des patients ont poursuivi le traitement sur la durée. À noter que les abandons (24 %) étaient dus principalement à un manque d'efficacité (42 %), certains patients n'étant pas réceptifs, ou à des effets secondaires (38 %), ou contraignants (comme le fait de ne pas pouvoir prendre le volant pendant le traitement) sans effet indésirable grave prédominant.

Un traitement bien toléré sans risque de dépendance

« Ces résultats confirment que le cannabis médical peut être une option très intéressante pour certains patients pour lesquels nous n'avons pas d'alternative thérapeutique, lorsque les traitements classiques ne suffisent plus », estime Françoise Durand-Dubief, neurologue à l'hôpital Pierre Wertheimer – Hospices civils de Lyon, en charge de l'étude. Ses avantages ? Un traitement bien toléré, efficace, sans effets d'addiction ou de dépendance, selon cette présidente de la société francophone de la SEP, qui espère sa généralisation prochaine « au bénéfice à la fois les patients actuels et futurs ».

Pour en savoir plus, découvrez notre interview exclusive de Nadine Attal sur le Cannabis médical: échange avec une spécialiste de la douleur.

© Atlasstudio

Des feuilles de cannabis à côté d’un stéthoscope et un petit flacon d’huile.
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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