Sur la devanture de l'établissement valenciennois, un grand dessin d'une serveuse souriante présentant un gâteau. Ce dessin, Joséphine Sybille l'a réalisé lorsqu'elle était enfant. Pas de doute, la Cantine de Joséphine est bien « son » restaurant. Ses parents, Valérie et Jean-Yves, l'ont ouvert pour elle, pour qu'elle ait un travail, faute de pouvoir en trouver ailleurs. « Joséphine est trop handicapée pour un environnement ordinaire mais pas assez pour être accueillie en Esat (Etablissement et service d'aide par le travail ; ndlr) », indique sa maman. En effet, la jeune adulte de 21 ans souffre d'un retard des acquisitions, de troubles du langage, de fatigue récurrente, « mais personne ne sait quel est son handicap exact ». Depuis l'ouverture du resto, le 1er avril 2015, Joséphine travaille en salle – « le meilleur compromis par rapport à son parcours » – et a déjà fait des progrès. « Les premiers jours, elle était un peu perdue et il fallait lui dire quoi faire mais, désormais, elle est bien plus autonome. » Autonome au boulot, mais pas seulement...
Bientôt la colocation de Joséphine ?
Après une année passée à la maison « à ne rien faire », Joséphine a vu son quotidien prendre une toute nouvelle tournure. Pour se rendre au restaurant, elle effectue seule les trajets en tramway et se rend régulièrement en ville sans accompagnement. « C'est un bonheur total de la voir si épanouie », se réjouit Valérie. Mais les nouveautés dans la vie de Joséphine pourraient ne pas s'arrêter là. « Dans la continuité de la création du resto, nous aimerions mettre en place une ou plusieurs colocations entre personnes porteuses du même handicap. Encore une fois, le but serait qu'elles gagnent en indépendance et s'insèrent dans la société. » Car si sa fille est la première bénéficiaire de ces actions, Valérie souhaite venir en aide à d'« autres Joséphine ».
« Joséphine en redemande ! »
Vincent, fortement dyslexique, est de ceux-là. Lui aussi a été recruté avant l'ouverture du restaurant, dans lequel il bénéficie d'un poste polyvalent ; tantôt assistant du chef, tantôt en salle. Un troisième jeune pourrait bientôt suivre. C'est en tout cas l'objectif de Valérie. « On attend seulement d'être reconnu en tant qu'Entreprise d'insertion (EI). » Pour ne pas être limités dans leurs actions, elle et son mari ont créé l'association Handélice. En plus de Joséphine, elle accueille déjà quatre jeunes en situation de handicap. Une fois par semaine, une activité leur est proposée (fête foraine, week-end à la mer…) et l'occasion leur est donnée de se retrouver, de partager, de changer d'horizon. « Un autre de nos projets est de leur permettre de partir seuls en vacances durant une semaine. » Décidément, les idées ne manquent pas. Au risque d'un changement trop brusque après de longs mois d'ennui ? « Vraiment pas ! Peu de temps après l'ouverture du resto, Joséphine m'a demandé : "C'est pour quand mon appart ?" C'est elle qui en redemande ! »