Pour certains parents, faire garder son enfant handicapé pendant les vacances et/ou le mercredi peut rapidement se transformer en parcours du combattant ; structures dédiées à l'accueil de jeunes handicapés éloignées du lieu d'habitation, manque de places… Depuis 2011, la Fédération des centres sociaux et socioculturels de la Vienne, en Poitou-Charentes, met en place un dispositif prenant le contre-pied de ce que proposent ces établissements spécialisés : accompagner ces enfants dans des centres de loisirs collectifs. Une initiative qui a séduit les membres du jury du CCAH. Le 20 mai 2015, pour sa 6e cérémonie, le Comité national coordination action handicap a décerné à la fédération le prix « Changer le regard ».
Du bonheur pour les enfants… et les parents !
Porteurs d'un handicap mental, sensoriel, moteur ou d'autisme, ils sont une centaine de jeunes à avoir bénéficié du programme sur une période de cinq ans, selon Sylvain Cariou, référent handicap pour la fédération. L'occasion pour eux de bénéficier de loisirs mais aussi de « sortir, pour un temps de vacances, du champ de l'éducation spécialisée et du médico-social ». Du côté des parents, le bonheur est partagé. « Elle se frotte au monde, mais au monde réel. C'est une vraie chance d'avoir trouvé un tel mode de garde », se réjouit Sylvie, maman d'une petite Louane. Le fait que ces structures classiques s'ouvrent aux jeunes handicapés favorise, par ailleurs, le droit au répit des « invisibles », ces aidants qui accompagnent l'enfant. Plus d'établissements, donc plus de places. D'autant que le dispositif est fait de telle sorte que « ce ne sont pas les enfants qui s'adaptent aux centres de loisirs mais l'inverse », ajoute Sylvain. De quoi réduire considérablement le stress des parents une fois leur progéniture déposée.
Accepter la différence dès le plus jeune âge
En plus d'inclure les jeunes déficients dans un cadre normal, l'initiative a comme double objectif celui d'habituer les autres enfants à vivre avec quelqu'un de différent. Au plus près du handicap, « ils voient quelqu'un qui ne va pas courir mais qui va rouler ». Alors qu'au début du programme les centres accueillaient des jeunes entre 3 et 16 ans, un nouveau besoin a ainsi été identifié : « favoriser l'inclusion des 0 à 3 ans en milieu ordinaire, donc crèche ou assistance maternelle », indique Claire Pironnet, référent handicap pour les structures en petite enfance du département. La fédération cherche alors à accompagner les professionnels exerçant dans ce type d'établissements afin qu'ils soient en capacité d'accueillir des jeunes enfants, mais aussi des bébés en situation de handicap. « Derrière, conclut Sylvie, c'est amener les autres à accepter la différence, à la comprendre, et, au contraire, à aller vers elle. Chose qu'on trouve très difficilement dans la vie de tous les jours. »