L'équitation pour lutter contre une Parkinson juvénile

Cavalière prometteuse, Cloé Mislin apprend toute jeune qu'elle est atteinte d'une maladie de Parkinson juvénile. Le para-dressage lui permet de remettre le pied à l'étrier et de lutter contre les symptômes. Elle vise les Jeux para de Tokyo en 2020.

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Cloé Mislin débute l'équitation à 8 ans. A 18 ans, elle découvre l'équitation western, une révélation. Cette discipline lui ouvre les portes de la compétition et lui permet de remporter deux titres de Championne de France. Passionnée, elle veut en faire son métier. A 20 ans, elle part alors au Canada pour passer son diplôme d'instructeur et monte, à son retour, une structure orientée loisirs avec ses parents. Mais, en 2005, les premiers symptômes apparaissent… Quatre ans plus tard, le diagnostic tombe : parkinson juvénile. De grosses raideurs, des problèmes de coordination, d'équilibre, de fatigue, mais aussi de mémoire, de cœur et de tension. « La forme juvénile de la maladie est peu connue. L'acteur Michael J. Fox en est atteint, c'est un modèle pour moi, explique Cloé. Il a réussi à garder une vie professionnelle et mis sa fortune et sa notoriété au service de la cause. Il fait bouger les lignes, c'est important. »

De nouvelles portes

Sa maladie ne permet plus à la jeune femme de pratiquer le western comme elle l'entend avec des objectifs de haut niveau. « J'ai eu un gros accident à cheval en 2010 qui a freiné ma pratique et mon envie de monter pendant presque 2 ans », explique la cavalière. Elle découvre alors le para-dressage, une discipline qui lui permet de remettre le pied à l'étrier dans des conditions qui prennent en compte sa pathologie. Elle achète Ours de B'Néville afin de débuter la compétition. En 2014, tout s'enchaîne très vite, en l'espace de quatre mois, elle fait un stage de détection avant d'être sacrée championne de France en Grade II. « J'ai vraiment pris conscience que le para-dressage pourrait m'ouvrir de nouvelles portes sans freiner ma pratique de l'équitation », ajoute-t-elle.

Un vrai cheval de dressage

Visant les Jeux paralympiques de Rio en 2016, elle achète un nouveau cheval plus adapté. « C'était un coup de poker car Rienzo avait déjà 20 ans mais c'est lui et son expérience qui m'ont permis de passer un cap. Nous avons fait tout le parcours de sélection mais nos résultats étaient en dents de scie et nous n'avons pas été sélectionnés. Ce fut un coup dur mais, avec du recul, nous n'étions pas prêts et le cheval était trop âgé, c'était risqué de lui imposer un si long voyage. A ce moment-là, j'ai eu besoin de faire une pause. » En 2017, elle revient avec une nouvelle monture Don Caruso, un « vrai » cheval de dressage, un hanovrien avec de très belles allures. Elle peut enfin rêver aux plus grandes échéances, notamment les Jeux équestres mondiaux de Tryon (Etats-Unis) en 2018. « Si je n'avais pas comme objectif la haute performance, je sais que je ne monterais pas à cheval aussi régulièrement alors que c'est très bénéfique pour ma condition physique et mon moral », explique la jeune femme.


Une pathologie compliquée

Depuis que la Fédération française d'équitation a repris la délégation du para-dressage -il dépendait auparavant de la Fédération française handisport-, « nous sentons un réel investissement et une vraie évolution dans la prise en charge des cavaliers », poursuit Cloé. Elle est en selle deux ou trois fois par semaine mais sans pouvoir dépasser 30 minutes. «. Il faudrait que je fasse du sport mais c'est compliqué de trouver le juste milieu avec ma pathologie. De l'activité physique est nécessaire pour me sentir bien mais si je pousse trop loin alors c'est l'effet inverse et les symptômes redoublent. Il faut bien cerner le point d'équilibre. C'est une maladie qui évolue toujours mais je suis aidée par des médicaments que je prends toutes les 1h30, le jour comme la nuit. Ce qui est compliqué c'est qu'on peut se sentir très bien puis très mal une minute après »

Objectif Tokyo 2020

La cavalière vise désormais une sélection aux Championnats d'Europe de Rotterdam en août 2019. Mais ce sont surtout les Jeux paralympiques de Tokyo qu'elle a en ligne de mire. « Paris 2024 serait un rêve mais c'est plus compliqué à imaginer avec Don Caruso qui aura 19 ans, conclut la cavalière. Je réfléchis d'ores et déjà à l'achat d'un deuxième cheval qui pourrait venir le soutenir puis le remplacer pour l'avenir. »

© FFE/PSV

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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