Scolarisation, emploi, accessibilité et accompagnement médico-social seront les grands thèmes de la Conférence nationale du handicap, organisée le 11 décembre 2014 au matin à l'Élysée alors que les associations réclament du concret pour améliorer le quotidien des millions de personnes concernées. « On est à mi-mandat et on n'a pas le sentiment d'avoir obtenu grand-chose depuis 2012. On aimerait bien que François Hollande nous laisse un petit peu d'espoir d'ici la fin de son quinquennat », a commenté auprès de l'AFP Alain Rochon, président de l'Association des Paralysés de France (APF).
5 forums régionaux
Cette troisième conférence nationale organisée depuis 2008 sera clôturée par le président de la République. Selon l'Élysée, il ne faut pas en attendre de grandes annonces, mais plutôt des confirmations et des précisions sur chacun des thèmes abordés. Elle fait suite au comité interministériel du handicap organisé en septembre 2013 et qui avait défini les grandes orientations de la politique du gouvernement (lire article en lien ci-dessous). Elle a été précédée de forums régionaux sur les thèmes retenus (jeunesse/scolarisation, emploi, accessibilité, accompagnement médicosocial/accès aux soins), auxquels ont participé les ministres concernés.
Les associations en attente
Les associations sont très demandeuses de clarifications. « L'Unapei attend que le chef de l'État définisse clairement la politique du handicap en France, parce que nous, on ne comprend plus », souligne Christel Prado, présidente de cette fédération de familles de personnes handicapées mentales. Sur l'un des grands thèmes de la conférence, l'accessibilité, un collectif regroupant six associations dont l'APF et l'Unapei a annoncé lundi avoir déposé un recours en excès de pouvoir devant le Conseil d'État (lire article en lien ci-dessous). Ce collectif estime en effet que les nouveaux délais prévus dans une récente ordonnance pour la mise en accessibilité des lieux publics et transports aux personnes handicapées sont « inacceptables ».
Exil en Belgique
Un autre gros sujet de crispation est le manque de places pour enfants et adultes handicapés dans des structures adaptées à leur état. « 13 000 enfants handicapés sont aujourd'hui sans solution éducative », déplore Mme Prado. N'ayant rien trouvé en France, les familles se tournent parfois vers des établissements situés en Belgique, avec « 6 500 enfants et adultes exilés » dans ce pays selon la présidente de l'Unapei. Elle cite aussi « 30 500 personnes handicapées mentales vieillissantes sans solution », certaines se voyant proposer « une place en Ehpad à 60 ans, avec des personnes de 90 ans en fin de vie », ou encore « presque 6 500 jeunes maintenus au-delà de leurs 20 ans dans des établissements pour enfants ». En juin, le conseiller d'État Denis Piveteau a remis au gouvernement un rapport intitulé « Zéro sans solution », sur les moyens d'éviter les ruptures de prise en charge, mais l'Unapei déplore qu'il n'ait pas encore été mis en œuvre.
Confirmation de la politique d'école inclusive
L'Élysée rappelle que le gouvernement a confié à Marie-Sophie Dessaulle, ancienne directrice d'Agence régionale de santé et ex-présidente de l'APF, une mission sur la mise en œuvre de ce rapport. Le chef de l'État devrait par ailleurs confirmer la politique d'« école inclusive » du gouvernement, visant à développer l'accueil des enfants handicapés en milieu scolaire ordinaire, et sa volonté de faciliter la transition entre le travail en secteur « protégé » (dans des entreprises adaptées au handicap) et le milieu ordinaire.
Les autres revendications
L'APF demande notamment « un plan de résorption du chômage » des personnes handicapées, qui augmente deux fois plus vite que la moyenne, avec des efforts pour améliorer leurs qualifications. En matière d'accès aux soins, les associations estiment également que beaucoup reste à faire, par exemple en matière de prévention de pathologies non liées au handicap. « Traditionnellement oubliée » selon l'APF, la question d'une revalorisation des prestations accordées aux personnes handicapées n'est pas à l'ordre du jour, dans un contexte budgétaire serré.
Selon l'Insee, 1,8 million de personnes de 15 à 64 ans vivant à domicile ont une reconnaissance administrative de leur handicap et 9,6 millions de personnes sont concernées au sens large.
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