62 % des employeurs se disent prêts à embaucher davantage de personnes en situation de handicap ; un taux qui s'accroît selon la taille de l'entreprise, s'élevant à plus de 92 % dans celles de vingt salariés et plus. Ces données a priori " encourageantes " sont issues du nouveau baromètre Agefiph - Ifop sur la perception du handicap en emploi, réalisée auprès d'un " échantillon record de 10 000 personnes " (5e édition du baromètre Agefiph-Ifop) . Elle pointe une " nette amélioration ", déjà observée lors des deux précédentes vagues. Pour quelle raison ? " La période actuelle, marquée par des tensions en matière de recrutement, invite à un rééquilibrage de la relation entre demandeurs d'emploi et employeurs ", expliquent ses auteurs.
Facteur de performance et d'innovation
77 % des recruteurs ayant cherché à embaucher au cours des six derniers mois ont ainsi été confrontés à des difficultés, dont 56 % de façon " systématique ". Dans ce contexte, deux tiers d'entre eux déclarent qu'ils pourraient " s'ouvrir à de nouveaux profils ". Ils sont de plus en plus nombreux à percevoir les personnes en situation de handicap comme une " manière de stimuler la performance et l'innovation au sein des équipes " (64 % en 2022 contre 58 % en 2021). Les résultats de l'étude révèlent toutefois " le caractère discriminant de la taille de la structure ", les dirigeants des plus petites se montrant bien plus réservés (57 % pour celles embauchant un à neuf salariés contre 97 % pour celles de 100 salariés et plus). Tout comme les grandes entreprises, celles ayant été accompagnées par l'Agefiph (fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées dans le privé) sont plus nombreuses à envisager l'embauche d'un travailleur en situation de handicap (78 %).
Vision stéréotypée qui s'estompe après une collaboration
Malgré ce contexte a priori favorable, l'embauche des personnes en situation de handicap reste majoritairement perçue comme " difficile " par 71 % du grand public et 67 % des recruteurs, a fortiori dans les petites entreprises. Au sein de la société, les premiers mots qui viennent à l'esprit des personnes interrogées reflètent une vision stéréotypée et médicale du handicap : " difficulté ", " maladie ", " exclusion ", " fauteuil roulant "... Néanmoins, chez les salariés ayant au moins un collègue concerné par le handicap, 55 % pensent que leur présence au sein de l'entreprise a contribué à changer de manière positive leur regard sur le handicap. Pour 79 % des salariés, travailler aux côtés d'une personne concernée est l'occasion de mettre en place de nouvelles manières de faire, même si cela nécessite des aménagements concrets pour une écrasante majorité. Seule une minorité fait mention de " conséquences négatives telles qu'une gêne (le ralentissement de l'activité au quotidien, 22 %) ou la création de tensions au sein de l'équipe (17 %) ". Pour plus de la moitié des sondés, leur présence apporte avant tout une certaine " solidarité " entre les collaborateurs, les managers et les équipes. Enfin, un tiers des employeurs estiment qu'il s'agit d'un sujet " prioritaire " (35 %), " une proportion minoritaire mais en progression importante en un an (+ 7 points) ", affirme l'Ifop.
Le manque d'accessibilité : un frein majeur
Par ailleurs, les personnes en situation de handicap sont " beaucoup plus nombreuses ", selon l'Ifop, à percevoir leur intégration en entreprise comme " plutôt facile ". Le handicap auditif et la maladie invalidante (cancer, sclérose en plaques, asthme, etc.) sont considérés par l'ensemble des sondés comme " les plus faciles à intégrer au sein d'une entreprise ". A contrario, elles estiment que le handicap mental ou psychique ainsi que les troubles du spectre de l'autisme sont ceux qui entraînent " de plus grandes difficultés ". L'inaccessibilité (du bâti, des systèmes d'information ou encore des temps collectifs) est perçue de manière unanime comme la principale difficulté qu'elles rencontrent. Le grand public et les salariés évoquent dans un second temps les discriminations, devant le manque de reconnaissance, la stigmatisation/les moqueries/ l'irrespect puis l'isolement/la solitude et, enfin, l'ennui.
L'accompagnement par des experts : un levier majeur
Pour favoriser l'embauche des personnes en situation de handicap, la moitié des recruteurs évoque l'accès à des profils correspondant davantage à leurs besoins. Près d'un quart d'entre eux requièrent également l'appui d'organismes spécialisés tels que l'Agefiph et de services experts notamment pour l'intégration dans l'entreprise, le maintien en poste et l'évolution professionnelle. Une nette majorité de recruteurs déclare ainsi que la présence d'un référent handicap est essentielle pour améliorer l'inclusion de ces salariés (67 %). Les aménagements techniques (accessibilité) et des temps de travail (notamment via le télétravail) sont également identifiés comme des " leviers importants ".
Indiquer son handicap avant la prise de poste ?
Enfin, les recruteurs conseillent très majoritairement aux candidats en situation de handicap d'évoquer leur handicap lors des entretiens d'embauche (91 %), de l'intégration au sein de l'entreprise (89 %), dès le CV (67 %). Or, " conscientes des discriminations et des biais de perception dont elles peuvent être victimes dans les processus de recrutement, 61 % des personnes en situation de handicap déclarent ne pas l'avoir indiqué sur leur CV ", expliquent les auteurs de l'étude, une forte majorité indiquant que cette évocation précoce " a représenté plutôt un frein ". L'étude pointe toutefois une " évolution générationnelle " sur cette question, les jeunes étant un peu plus nombreux à mentionner leur handicap : 73 % des plus de 65 ans indiquent ne l'avoir jamais fait contre 52 % des moins de 25 ans.