« La distanciation étant difficile à gérer dans les magasins étroits, je dois rentrer par la porte de sortie chez mon boulanger », indique Jean-Pierre, tandis qu'Emmanuelle déplore une diminution de moitié de son champ visuel lié au port du masque. Comme eux, de nombreux maîtres de chiens guides ont dû s'adapter, non sans peine, aux nouvelles mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19...
L'écholocalisation mise à mal
Que reprochent-ils au masque exactement ? De bloquer leur « écholocalisation », autrement dit la détection des obstacles de masse grâce à l'écho renvoyé par les sons. « Pour les personnes déficientes visuelles, la sensation de recevoir les informations sur leur visage est importante, elle leur permet de percevoir les lieux, de sentir la présence des individus autour d'eux et donc de mesurer les distances », explique la Fédération française des associations de chiens guides d'aveugles (FFAC).
Des obstacles inédits pour les chiens guides
Tel maître, tel chien... Leur fidèle compagnon a également de quoi être désorienté face aux nouvelles règles et obstacles inédits : couloirs virtuels (matérialisés au sol par des flèches), nouvelles entrées et sorties, système d'attente différent... « Mia, ma chienne, ne connaissait pas les couloirs virtuels, elle essayait de me faire avancer et donc de se coller aux gens », témoigne Annie. « Inouk saura-t-il encore effectuer les trajets que nous avions l'habitude de réaliser ensemble ? Retrouvera-t-il toute sa concentration et sa capacité à me guider? », s'interroge, de son côté, Emmanuelle.
Intensifier la pré-éducation pour compenser
La pré-éducation des chiens guides a également été impactée, obligeant les associations à se réorganiser. Impossible, pour l'heure, de les mêler à la foule, ni de les familiariser avec les restaurants et les transports en commun. « Ayant eu mon chien en décembre 2020, il n'a pas pu, depuis, effectuer les trajets qu'il avait travaillés avec l'éducatrice : les sorties culturelles, sportives et associatives », déplore Christian. « La pré-éducation devra donc être intensifiée à la réouverture des différents établissements », souligne la FFAC. Malgré les contraintes liées aux mesures sanitaires, les maîtres sont unanimes : « Elles auraient été encore plus compliquées sans nos chiens guides ».