« Et si on arrêtait enfin de stigmatiser les personnes souffrant de troubles psychiques » dans les émissions de télé, interpelle l'Unafam. Des chambres d'isolement, des camisoles, des fous, présentés comme dangereux, parfois tournés en ridicule…
Des cas précédents
En septembre 2016, la bande annonce de l'émission Touche pas à mon poste, dans un décor d'hôpital psychiatrique, n'est pas du goût de deux associations qui dénoncent des clichés d'un autre âge et appellent l'émission à revoir son diagnostic… Invitant l'équipe de TPMP à mettre sa créativité débridée au service des personnes touchées par des troubles psychiques, pour éviter qu'elles ne continuent à subir la double peine, la maladie et le « regard pourri », leur coup de gueule avait permis de sensibiliser Cyril Hanouna qui, depuis, a fait amende honorable et s'est investi dans une promotion plus réaliste et modérée des personnes handicapées. Un échange constructif ? En juillet 2017, c'est « L'Asile psychiatrique » de Fort Boyard, sur France 2, qui alimente une nouvelle fois la controverse (articles en lien ci-dessous), l'Unafam (association de personnes avec un handicap psychique) décidant alors de porter plainte pour « diffamation » et « injures publiques ».
La folie en prime time
En novembre 2019, cette association remonte au créneau, adressant ses griefs au PDG de TF1 et à Emmanuel Macron. Motif de la grogne ? Danse avec les Stars. Selon l'association, certaines familles ont été « scandalisées » par l'émission diffusée le 2 novembre 2019, sur le thème d'Halloween. La séquence concernée implique le couple de Fauve Hautot et Sami El Gueddari dansant dans un décor de chambre d'isolement aux murs capitonnés et dans une mise en scène jugée « extrêmement stigmatisante », lui en camisole et elle, son « infirmière », en blouse recouverte de sang. « Ce n'est pas la prestation artistique que nous contestons, c'est le message qu'elle envoie », réagit l'Unafam. Dans une séquence consacrée à la préparation du show, la danseuse demande à son partenaire « Je veux te voir les yeux injectés de folie, je veux te voir faire peur ».
Une vision caricaturale
« Comme si la folie était nécessairement violente, comme si la maladie psychique était un épouvantail d'Halloween ! », poursuit l'association qui déplore les « clichés qui perdurent », une « vision forcément caricaturale » et « dramatique ». Rappelant que, selon l'OMS (organisation mondiale de la santé), une personne sur quatre aura des problèmes de santé mentale au cours de sa vie, elle redoute que cette vision « anxiogène » ne « renforce les freins à la demande d'aide et de soins pour les jeunes en souffrance », très friands de programme télé. « Monsieur le PDG, auriez-vous autorisé une scénographie avec une personne atteinte d'un cancer en traitement de chimiothérapie, comme suscitant de la peur, voire de l'effroi ? », questionne l'Unafam.
Un danseur paralympique
Y aurait-il deux poids deux mesures pour sensibiliser le grand public à l'acceptation du handicap ? Rappelons en effet que le danseur, Sami El Gueddari, est un ex-champion de natation, amputé d'une jambe. Il est le premier athlète paralympique à participer à ce programme en France, et avait déclaré que sa présence était à ses yeux « une vraie opportunité de changer le regard ». Le 16 novembre, il s'est d'ailleurs livré à une prestation remarquée en compagnie d'une jeune femme, Pauline, qui a perdu sa jambe après avoir été renversée par un chauffard. Le trio avait alors déclenché un raz-de-marée d'émotions. Il y aurait donc des handicaps dignes de compassion et d'autres repoussoirs ? L'Unafam réclame « un message d'excuses lors de l'ouverture de la prochaine émission ».