Chaque année, 350 millions de personnes souffrent de dépression, ce qui en fait la deuxième cause d'incapacité dans le monde. Selon l'Organisation mondiale de la santé, elle pourrait en devenir la première d'ici 2030. La faute à un mode de vie de plus en plus stressant et compétitif ou à une modification génétique ? Pour l'heure, le mystère reste entier...
25 % ont accès à des traitements efficaces
Comptant parmi les maladies psychiques les plus fréquentes, la dépression présente un haut niveau de comorbidité et peut avoir un impact considérable sur la vie familiale, sociale et professionnelle, et plus largement, sur la qualité de vie des personnes concernées. Seules 25 % d'entre elles peuvent avoir accès à des traitements efficaces. De même, malgré des progrès thérapeutiques, dans le domaine de la psychopharmacologie notamment, un tiers des patients ne répondent pas ou seulement partiellement aux stratégies standards de traitement, principalement en raison de définitions imprécises et hétérogènes. Une étude internationale (en lien ci-dessous, en anglais), publiée dans la revue scientifique Molecular Psychiatry en décembre 2021, appelle à une définition plus claire afin de faire avancer la recherche et ainsi développer de nouvelles approches thérapeutiques.
Définition de la résistance thérapeutique à revoir
Pour ce faire, le Professeur Carmine Pariante, responsable thématique des troubles affectifs à l'Institut national de recherche en santé (NIHR) Maudsley de Londres et auteur principal de l'étude, a réuni une soixantaine d'experts internationaux, dont certains membres de la Fondation FondaMental. « Jusqu'à présent, il y a eu confusion sur ce que l'on entend par dépression résistante au traitement dans la recherche, la pratique et la réglementation, précise-t-il. L'absence d'un consensus crée un obstacle à l'évaluation efficace des traitements actuels et futurs. »
Rappelons que la dépression peut survenir dans n'importe quelle catégorie socio-professionnelle, à tous les âges, dans n'importe quelle ethnie, mais touche deux fois plus la femme que l'homme.
Vers des essais thérapeutiques innovants ?
Pour proposer une définition « consensuelle », l'étude a pris en considération l'épisode dépressif en cours et son sous-type clinique, les comorbidités psychiatriques et l'observance thérapeutique (c'est-à-dire l'adéquation entre le comportement du patient et le traitement proposé). Le nombre et la nature des traitements antérieurs par antidépresseurs ainsi que les échelles d'évaluation psychométriques (qui mesure le niveau de pessimisme chez les patients concernant le futur) ont également été pris en compte. Pour Bruno Aouizerate, responsable des centres experts dépression résistante de FondaMental situés à Bordeaux, cette démarche « indispensable » devrait prochainement donner lieu à des « essais thérapeutiques innovants et porteurs d'espoir ».