L'école maternelle ouvre enfin ses portes aux enfants autistes ! Une des mesures phares du 3ème plan autisme prévoyait en effet la création d'unités d'enseignement (UE) d'IME (Institut médico-éducatif) implantées dans les écoles maternelles ordinaires. Chacune permet la scolarisation de sept enfants autistes âgés de 3 à 6 ans. Leur accompagnement global se fait au sein des écoles afin de mobiliser les capacités d'inclusion et d'apprentissage au plus tôt, par des approches éducatives, thérapeutiques et d'enseignements adaptées.
100 UE d'ici 2017
Trente UE ont donc, pour la première fois, vu le jour lors de cette rentrée 2014-2015. En moyenne une par académie, ce qui fait dire aux personnes concernées que, même si l'engagement est louable, cette implantation s'avère bien trop limitée. A peine 210 enfants ont pu ainsi être scolarisés dans toute la France. Dans le projet de Loi de finances 2015, le ministère de l'Education nationale précise qu'il est prévu, à l'horizon 2017, que 100 unités soient déployées sur tout le territoire national. Encore trop peu selon les associations qui réclament sa généralisation massive ! C'est notamment le cas de l'Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) : « Ce dispositif répond en tout point à ce que l'Unapei demande depuis de nombreuses années, explique Christel Prado, sa présidente. C'est une des réponses au manque de solution criant de tous les enfants en situation de handicap mental et cognitif qu'il faut déployer pour espérer satisfaire l'ensemble des demandes en souffrance ».
Trois revendications majeures
En théorie, trois grandes revendications majeures. Tout d'abord l'inclusion dans l'école ordinaire dès le plus jeune âge des enfants différents, le meilleur des apprentissages du vivre-ensemble. Ensuite, un accompagnement précoce puisqu'il n'est plus à prouver que plus tôt l'enfant bénéficie d'un accompagnement adapté, plus les symptômes de l'autisme sont atténués. Enfin, si l'Education nationale détient l'expertise des apprentissages, le secteur médico-social détient celle de l'accompagnement des élèves handicapés. Selon l'Unapei, « ces Unités d'enseignement ont donc l'intelligence de partager et de mutualiser les compétences sur une unité de lieu et de temps ».
Encore des obstacles
Mais, en pratique, les associations rencontrent de nombreux obstacles à la création de ces places. La grande difficulté réside dans le fait que le diagnostic précoce de l'autisme (avant trois ans) reste exceptionnel. Les rares enfants diagnostiqués doivent ensuite avoir obtenu une notification de la CDAPH (Commissions des droits et de l'autonomie des personnes handicapées) les orientant vers cette Unité d'enseignement délocalisée à l'école. Cela suppose aussi que la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) ait été bien informée de l'implantation de l'UE et de ses enjeux. Par ailleurs, les jeunes enfants autistes ayant obtenu un diagnostic précoce sont souvent accompagnés par le secteur sanitaire. Or la coopération entre ce dernier et le secteur médicosocial est loin d'être optimale, elle se doit d'être renforcée afin de permettre à ces jeunes enfants d'accéder aisément à ces classes.
Cette rentrée est une première, qui exige certainement un peu de temps pour que ce dispositif, attendu depuis longtemps, fasse preuve de son efficience. Attendu depuis si longtemps que le déploiement de ces UE pour les enfants en situation de handicap mental et cognitif est très largement plébiscité, y compris au sein école élémentaire.