8 mars 2021. Journée internationale des droits des femmes, une de plus… La première date de 1977. Elle était tout d'abord celle des femmes, avant qu'on y ajoute la notion de « droits ». Pas par hasard. Trop souvent, ils sont bafoués. Et que dire de celles en situation de handicap ? Des chiffres circulent, implacables, parfois sortis d'on ne sait où, juste estimés : 80 % seraient victimes de violence, 88 % des femmes autistes auraient subi des violences sexuelles et 100 % parmi celles qui sont aveugles, 40 % des femmes handicapées se sentent discriminées (contre 27 % pour les femmes en général), 30 % ont le sentiment de l'avoir été lors de leurs études (sondage APF 2020). Comment savoir, comment vérifier ? Pas d'étude, peu de littérature, un angle un peu plus mort encore…
Sophie Cluzel en visite
Droit Pluriel, qui mène des actions en faveur de l'égalité des droits des personnes handicapées, se penche plus particulièrement sur ceux des femmes. Lundi 8 mars 2021, l'association recevra dans ses locaux de Montreuil (93) Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap. Sont également conviés Alexis Corbière, député de la circonscription, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-De-France, Stéphane Troussel, président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis et Patrice Bessac, maire de Montreuil. Le sujet intéresse donc en haut lieu ? « Pour une femme en situation de handicap, connaître et faire valoir ses droits reste en 2021 encore un défi majeur », déplore Anne-Sarah Kertudo, présidente de Droit pluriel. L'accessibilité matérielle fait souvent défaut : pas d'interprète en langue des signes dans les commissariats ni de boucle à induction magnétique pour les malentendants, des escaliers à l'entrée des lieux d'accès au droit… Les professionnels, encore peu formés, se trouvent démunis pour s'adapter aux situations : comment faire signer une personne aveugle ? Comment s'assurer du consentement d'une personne handicapée mentale ? L'association s'est donc engagée à former et informer les professionnels du droit et le grand public afin de rétablir l'égalité devant la justice, une urgence d'autant plus grande pour les femmes handicapées victimes de violence.
Des actions concrètes
A l'occasion de cette journée symbolique, l'équipe de Droit Pluriel présentera la formation contre les violences faites aux femmes handicapées qu'elle délivre aux gendarmes, les outils de sensibilisation créés à l'attention de tous les professionnels de la justice, notamment Adapter son comportement, un court-métrage de sensibilisation, et sa permanence juridique 100 % accessible mobilisant 70 avocats bénévoles sur tout le territoire. Elle mène également des « campagnes de visibilité pour que le handicap n'efface jamais les femmes », notamment via quinze chroniques « Un jour, j'ai fait ma révolution » lancées fin 2020. Sophie Cluzel poursuivra au sein du Centre d'hébergement d'urgence « Inès Lyautey » réservé aux jeunes femmes et géré par la Croix Rouge française. Cette visite sera suivie d'un webinaire sur le thème « Pouvoir d'agir au féminin, quels leviers institutionnels ? », organisé par Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale, avec la participation de femmes en situation de handicap aux histoires de vie et parcours inspirants.
2 associations incontournables
Deux autres associations dédiées sont, elles aussi, à l'ouvrage. Alors que le confinement agit comme un catalyseur des violences conjugales, elles s'activent pour briser ce cycle infernal. Citons tout d'abord FDFA (Femmes pour le dire femmes pour agir), en première ligne dans ce combat. A l'occasion d'une autre journée internationale -pas trop de deux dans l'année-, celle pour l'élimination de la violence faite aux femmes, le 25 novembre 2020, elle a franchi une nouvelle étape. Après avoir lancé en 2015 le premier numéro d'écoute spécialement dédié aux femmes handicapées (01 40 47 06 06), l'association inaugure un tout nouveau site ecoute-violences-femmes-handicapees.fr « entièrement dédié à ce combat » (article en lien ci-dessous). De son côté, l'Association francophone des femmes autistes (AFFA) se mobilise, interpellant sans relâche la société et les pouvoirs publics.
Des trophées dédiés
Rappelons enfin que, le 11 mars 2021, « Les Trophées femmes en EA & en ESAT », organisés par Handireseau, récompenseront dix parcours inspirants (article en lien ci-dessous). Pour sa 7e édition, l'événement dédié aux travailleuses en entreprises adaptées s'ouvre aux ESAT. En 2020, la place des femmes en situation de handicap en entreprise reste fragile : seules 1 % sont cadres contre 16 % des hommes. Dans ce contexte, ces trophées entendent partager des parcours inspirants, soutenir la professionnalisation et l'égalité mais aussi promouvoir les passerelles vers le milieu ordinaire. En 2018, le Défenseur des droits constate qu'en emploi mieux vaut ne pas être femme et handicapée car elles sont les plus exposées aux attitudes hostiles au travail (article en lien ci-dessous) ; 43 % déclarent avoir été victimes de propos stigmatisants.