Sur un CV, un mail ou une lettre de motivation, une faute d'orthographe et c'est fichu... Le job de vos rêves peut vous passer entre les doigts. C'est malheureusement le quotidien de certaines personnes dyslexiques ou dysorthographiques en recherche d'emploi. Environ 5 % des Français éprouvent ainsi des difficultés à identifier les lettres, les syllabes ou les mots ou à écrire « correctement ». Un trouble des apprentissages qui a valu à Justine Vilgrain d'être évincée, parfois moquée, discriminée, à l'école tout d'abord puis dans le milieu professionnel. Lassée d'avoir à justifier son handicap, la jeune femme a décidé de créer un logo « made for dyslexic* », « Certified dyslexic », (en français, dyslexique certifiée) qu'elle appose à la fin de chaque mail. Une idée ingénieuse pour mettre les points sur les « i » et en finir avec les préjugés !
Un logo reconnu pour tous les « dys » ?
« Quand j'ai commencé ma vie active, je devais toujours demander à quelqu'un de corriger mes mails avant de les envoyer à des personnes que je ne connaissais pas », explique Justine sur le média en ligne Positivr, déplorant de « ne jamais pouvoir être indépendante dans son travail ». C'est là que le déclic se produit... Très vite, son tampon électronique séduit les personnes dyslexiques et bien d'autres. A la suite de nombreuses demandes, elle le décline pour tous les troubles « dys ». Aujourd'hui, elle demande la reconnaissance de cette mention en tant que symbole officiel et gouvernemental pour permettre aux personnes concernées de ne plus avoir à cacher leur handicap, comme elle a dû le faire par le passé...
Handicap ou force, question de point de vue
Sa hantise ? Lire à haute voix. Un exercice qui lui a mené la vie dure tout au long de sa scolarité. Sans parler de la dictée, qui lui valait inlassablement des « zéros pointés »... « La première fois que j'ai eu 0,5, toute la classe s'est levée pour m'applaudir », sourit la jeune femme. Aujourd'hui encore, « on a beau me dire 100 fois qu'un mot ne s'écrit pas d'une certaine manière, je refais la même erreur », confie-t-elle à Positivr. Et de rappeler qu'il n'est nullement question d'intelligence mais bien de handicap. Un handicap qui ne l'empêche pas d'être « très heureuse » et épanouie.
« Plusieurs recherches ont révélé que les 'dys' étaient particulièrement doués en ingénierie, en entrepreneuriat, en art et en architecture», se félicite-t-elle, évoquant son « esprit artistique » développé. « Je me suis toujours dit que ce n'est pas parce que je ne savais pas écrire que je n'allais pas réussir dans la vie », affirme-t-elle, se disant « fière » de cette « force » et invitant tous les enfants « dys » à faire de même. « Si demain on me donnait une pilule pour ne plus l'être, je ne la prendrais pas », conclut-elle. Un joli pied de nez à ses professeurs qui la considéraient comme « débile »...
* Pour les dyslexiques