Incapacité à avaler, douleurs à la gorge, régurgitations, brûlures d'estomac... La dysphagie touche près de 650 000 personnes en France. En première ligne ? Celles en Ehpad, ayant des maladies neurologiques ou des difficultés à mastiquer. Elle entame les capacités de déglutition, les gênant au moment du repas, et peut ainsi avoir de graves conséquences en termes de dénutrition et d'infections pulmonaires. Largement répandue dans la population, elle reste pourtant méconnue. Pour contribuer à une « prise de conscience collective », Sodexo publie, en juin 2023, le premier baromètre de la dysphagie, réalisé auprès d'un échantillon de 200 médecins, infirmiers, aides-soignants, diététiciens, cadres de soins... Objectifs ? Dresser un panorama sur le regard qu'ils portent sur ce trouble et apporter un éclairage sur les bénéfices de sa prise en charge dans les établissements spécialisés pour personnes handicapées et âgées.
Des signaux positifs mais un manque de formation
Dans les établissements médico-sociaux, 38 % des professionnels de santé estiment que plus de la moitié des résidents sont dysphagiques. Ce trouble est ainsi perçu comme un « réel sujet de santé publique » et sa prise en charge « un enjeu vital pour les résidents ». Plusieurs autres enseignements se dégagent de cette étude. Absence d'appréhension des personnels quant à la prise en charge, satisfaction déclarée sur les moyens mis en œuvre dans les établissements... Les soignants émettent des « signaux positifs ». Autre objet de satisfaction : des solutions existent pour limiter son impact, notamment l'adaptation de la texture dans l'assiette qui est largement plébiscitée, puis la mise en relation avec un orthophoniste et le développement de protocoles autour de l'environnement des repas. Selon les personnels de santé interrogés, une prise en charge adaptée entraîne ainsi un regain d'appétit (37 %), moins de fausses routes (26 %) et de gênes en avalant (20 %), une meilleure lutte contre la dénutrition (19 %) et une meilleure hydratation (8 %). Néanmoins, ils pointent un manque d'information et de formation sur la pathologie. En effet, 57 % déclarent ne pas y être formés spécifiquement.
Eviter le « tout-mixé »
« Cette première édition du baromètre a vocation à devenir un indicateur régulier de référence sur la dysphagie », annonce Cécile Lourenço, directrice innovation Sodexo santé médico-social. L'enjeu ? « Alimenter » la réflexion collective pour, d'une part, améliorer l'évaluation de la dysphagie depuis le dépistage, l'évaluation clinique, jusqu'au diagnostic spécialisé et, d'autre part, optimiser la prise en charge et éviter le « tout-mixé » quand cela est possible, une pratique courante qui peut toutefois entraîner une perte de plaisir ou sensorielle ou encore une dégradation des fonctions oro-motrices tels que la mastication et les mouvements de la langue (articles en lien ci-dessous).
* Population cible pour les principales étiologies estimées entre 520 000 – 650 000 personnes, avis de la CNEDiMTS HAS du 17.12.19, pour Clinutren Thicken Up Clear