Des repas imprimés en 3D pour lutter contre la dysphagie ? Telle est l'ambition du projet de recherche porté par le professeur Bronwyn Hemsley au sein de l'université de technologie de Sydney (Uts). Ce trouble de la déglutition se caractérise par une sensation de gêne lors du passage des aliments vers l'œsophage, lié à un défaut de protection des voies aériennes. Résultat ? Des fausses routes, des repas douloureux, une perte d'appétit et un moral en berne. Pour changer la donne, une seule solution : favoriser l'eau gélifiée et adapter la texture des aliments en fonction des besoins de chaque patient (consistance hachée ou mixée homogène). Et lorsque la main de l'Homme a ses limites, la machine prend le relais... La valeur ajoutée de l'impression alimentaire ? Une possibilité de personnalisation illimitée et des créations uniques.
De la nourriture comme encre
Particulièrement répandue chez les personnes âgées, atteintes de maladies neurodégénératives de type Alzheimer ou victimes d'un accident vasculaire cérébral (Avc), cette pathologie peut entraîner un risque de dénutrition et de déshydratation mais aussi de l'anxiété et une détérioration de la fonction respiratoire. Les symptômes ? Mal de dents, difficultés à avaler, bouche très rouge ou au contraire très blanche, toux au cours des repas... Pour prévenir ces désagréments, les chercheurs utilisent une imprimante qui se sert d'ingrédients frais réduits en purée comme « encre ». Le processus consiste à cuire la purée, remplir les cartouches de l'imprimante, sélectionner la forme souhaitée et lancer l'impression. A la sortie, les aliments sont ainsi plus sûrs et surtout plus appétissants. Prochaine étape ? Rendre ce dispositif accessible au plus grand nombre pour améliorer l'état de santé des personnes dysphagiques mais également leur vie sociale, nombre d'entre elles se privant de dîners entre amis notamment par peur de s'étouffer.
Une ambition commune
En 2013, le projet Performance, financé par l'Union Européenne, affichait déjà la même ambition. Contrairement aux traitements actuels de la dysphagie, qui consistent principalement à ingérer des aliments pré-écrasés ou sous forme de purée, ce concept assure reproduire le goût de « vrais » mets. « Les aliments sont enrichis de nutriments spécifiques en fonction de la taille, du poids, du genre et des déficiences de chaque patient, et leur dosage peut être adapté de façon à maintenir une alimentation toujours bien équilibrée », explique l'équipe du projet. Après des tests de dégustation « globalement positifs » effectués dans des établissements de soin, elle espère une commercialisation sous peu... Ces dernières années, des chercheurs du monde entier se sont emparés du sujet et planchent sur cette alimentation 4.0 pour révolutionner la vie des personnes souffrant d'obésité ou, tout simplement, la gastronomie.