Le nombre de personnes handicapées au chômage passe, pour la première fois depuis 2016, sous la barre symbolique du demi-million. En 2019, 495 676 d'entre elles cherchaient un emploi, soit 20 000 de moins que l'année précédente. Une diminution plus importante que pour la population générale (-4 % en un an contre -3 %). Du jamais vu ! Une conjoncture « favorable » selon l'Agefiph (fonds pour l'emploi dans le privé) qui dresse le bilan de l'emploi des personnes handicapées en 2019. Malheureusement, la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19 va très certainement rebattre les cartes...
Hausse du nombre de Boe
En 2019, 2,8 millions de personnes bénéficiaient de l'obligation d'emploi (Boe), soit une hausse de 400 000 en cinq ans, révélatrice notamment de la prise de conscience de déclarer son handicap pour obtenir un accompagnement adapté. Le profil de ceux qui sont en poste ? Des femmes, dans 50 % des cas, soit trois points de plus qu'il y a cinq ans, qui travaillent majoritairement à temps partiel et dans le secteur privé. A noter que seuls 7 % sont des cadres, soit près de trois fois moins que pour le grand public. Un écart qui souligne notamment le manque d'accessibilité aux études supérieures. En effet, dans la population générale, 53 % des demandeurs d'emploi ont, au minimum, le bac, contre 36 % des Boe.
Hausse du taux d'emploi relative
Sur 118 832 demandeurs d'emploi Boe, 24 % perçoivent l'Allocation adulte handicapé (Aah). Les secteurs les plus populaires ? Les services à la personne et à la collectivité, le support à l'entreprise ainsi que le commerce, la vente et la grande distribution. Plus de la moitié d'entre eux cherchent un emploi dans ces domaines. Si le taux d'emploi a augmenté d'un point en un an (36 %), il reste tout de même nettement inférieur à celui de la population générale (65 %). En somme, les demandeurs d'emploi en situation de handicap restent fragilisés sur le marché du travail du fait notamment d'un âge élevé, la majorité ayant plus de 50 ans, et d'un chômage de longue durée qui continue de progresser avec une ancienneté moyenne d'inscription supérieure à 850 jours, contre 650 pour la population générale.
Entrepreneurs et apprentis en plein boom
Pour sécuriser leur parcours, le réseau Cap emploi a pour mission d'accompagner et de maintenir les personnes handicapées en milieu ordinaire. Après une diminution en 2018, le nombre de maintiens est reparti à la hausse (+8 % en un an), les Cap emploi ayant permis à plus de 21 000 personnes handicapées de rester à leur poste en 2019, dont 90 % dans le secteur privé. Si le nombre de CDI et de contrats aidés sont en baisse, les créations d'activité connaissent un véritable boom (+16 % en un an), grâce aux soutiens mis en place par les Cap emploi mais aussi par l'Agefiph. Autre voie en vogue : l'apprentissage, avec une hausse de 17 % de contrats signés en un an. Prôné à maintes reprises par Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, ce type de contrat a bénéficié de plusieurs mesures pour inciter les entreprises à recruter des jeunes en situation de handicap (article en lien ci-dessous). Objectif du gouvernement ? Passer de 1,3 % à 6 % d'apprentis handicapés. Les contrats de professionnalisation, en revanche, connaissent une baisse de 7 %.
Et en 2020 ? Il faudra encore attendre quelques mois pour tirer des conclusions concrètes mais, « sans surprise, la période actuelle est caractérisée par une forte augmentation du chômage, une baisse des embauches et une hausse des sollicitations et des maintiens dans l'emploi d'environ 20 % pour les Cap emploi au premier trimestre 2020 », révèle l'Agefiph à l'heure où s'élabore un plan de relance de l'emploi des personnes handicapées.