La dernière réforme des études en ergothérapie date de 2010. Il est temps, selon les représentants de cette profession paramédicale qui intervient auprès de personnes handicapées et âgées, de faire évoluer la formation actuelle, répartie sur trois années. L'Union nationale des associations des étudiants en ergothérapie, l'Association nationale française des ergothérapeutes (ANFE) et le Syndicat des instituts de formation en ergothérapie (SIFEF) ont réclamé le 15 février 2023 que la réingénierie, c'est-à-dire la réorganisation de la formation, en ergothérapie soit programmée dans le prochain calendrier prévu par le ministère de la Santé et des Solidarités pour la réingénierie des formations paramédicales. Un sujet évoqué dans la lignée des engagements pris lors du Ségur de la santé en 2020. Lors de son audition, la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) avait indiqué que cette réingénierie devrait être achevée fin 2022 pour la plupart des professions. Une promesse, qui visiblement, n'a pas été encore tenue. Cette demande se justifie par une évolution des besoins d'intervention dans cette spécialité.
Une profession qui a évolué
En effet, ces professionnels ont élargi leur champ de compétences pour répondre à de nouveaux besoins, avec de nouveaux moyens et aides techniques : interventions en unités de soins aigues, télésoin, utilisation de l'impression 3D, prévention et promotion de la santé auprès des seniors (plan anti chutes), auprès des proches aidants, santé au travail et prévention des troubles musculosquelettiques (TMS), réhabilitation psychosociale en santé mentale... L'exercice libéral a, lui aussi, évolué en dix ans. Tout cela, dans un système de santé également « en pleine mutation ». « La formation actuelle en trois années rend difficile l'acquisition des nouveaux savoirs », notamment « face à ces nouvelles pratiques professionnelles », précisent les organisations.
Un programme d'études trop chargé
Résultat, les études « sont trop denses et impactent la qualité de vie des étudiants et leur santé », se plaignent les intéressés. Les étudiants déplorent un « programme trop chargé », ne leur permettant pas d'assimiler leurs connaissances. Pour répondre à ces difficultés, ils demandent que la formation s'étale sur cinq ans, avec une reconnaissance au grade master, ce qui facilitera l'accès au doctorat. Les futurs ergothérapeutes bénéficieraient d'une première année commune facilitant « l'acquisition des prérequis fondamentaux aux professionnels paramédicaux ». Les quatre années suivantes seraient professionnalisantes au sein des instituts de formation dédiés. A l'heure de la pluridisciplinarité dans le sanitaire et social, cette réingénierie permettrait, selon ses promoteurs, « plus de transversalité entre les études au sein de la filière des sciences de la réadaptation ». La pertinence et la qualité des soins en seront, d'après eux, améliorés.