Passer de sportif en situation de handicap à médaillé olympique en quelques années, voire quelques mois ? « C'est possible », promet la Fédération française de para-aviron, qui lance début janvier 2022 son programme « Ambition 2024 » pour recruter les futurs champions de Paris 2024 (vidéo ci-contre). Son credo ? « Rêver, ramer, triompher ! » Un rêve devenu réalité pour Margot Boulet, l'un des trois visages de cette campagne. En 2017, elle est victime d'un accident de parachute lors d'un stage de formation pour intégrer le GIGN. Son dos et sa cheville sont lourdement touchés. Trois ans après, cette ancienne nageuse remporte le bronze à Tokyo. « Médaillée olympique après seulement un an et demi d'entraînement, ça donne de l'espoir, non ? », lance la jeune femme qui incite « tous ceux qui ont des limitations physiques, même toutes petites » à rejoindre les rangs !
5 épreuves à Paris
En 2024, cinq épreuves composeront le programme paralympique d'aviron, contre quatre lors des précédentes éditions. « Un bateau de plus, et donc une chance supplémentaire de triompher sous les couleurs de l'équipe de France ! », se félicite la Fédération française de para-aviron. « Nous souhaitons susciter une saine émulation au sein d'un collectif solide, qualifier un maximum d'équipages pour Paris et, enfin, faire de notre discipline l'une des références du sport paralympique », ajoute son directeur technique national, Sébastien Vieilledent. Pour candidater, il suffit, dans un premier temps, de contacter le responsable du programme, Charles Delval, par mail ( charles.delval@ffaviron.fr ) ou par téléphone au 06 47 98 69 32.
Trois catégories, deux adaptations
Grâce à ses spécificités, le para-aviron est en mesure d'accueillir un large éventail de handicaps : déficience de la force musculaire (dystrophie, paraplégie), hypertrophie (surplus de tonus musculaire), déficience des membres, ataxie, déficiences visuelles mais aussi tout type de trouble réduisant la force et l'amplitude de mouvement. Pour concourir sur un pied d'égalité, les rameurs sont classés en trois catégories. Les PR1 (para-rowing classe 1) sont des rameurs ayant une fonction limitée du tronc, qui propulsent principalement le bateau par la force des bras et des épaules. Leur embarcation est équipée de flotteurs, pour assurer une meilleure stabilité, ainsi que d'une sangle attachée au dossier du siège pour un meilleur maintien. Les PR2 ont une utilisation des bras et du tronc mais un usage limité ou absent des jambes, ce qui les conduit à utiliser un siège fixe. Enfin, les PR3 peuvent solliciter l'ensemble du corps, malgré des limitations sur certaines articulations ou groupes musculaires, et utilisent ainsi le même matériel que les « valides ».
Un sport complet et un outil de soin
En plus d'être accessible, « le para-aviron est un sport complet qui allie exigence physique, technique et plaisir de la glisse, contribuant au rééquilibrage des groupes musculaires des personnes en situation de handicap », assure la Fédération. Selon elle, il est aussi un « outil de soin, support de rééducation de nombreux troubles » : du schéma corporel et de l'image du corps, de la coordination et de la dissociation, de la régulation tonique, des repères spatiaux et de la rythmicité, des troubles attentionnels... « Quand vous avez un accident et que vous devenez paraplégique, vous ne pensez pas forcément à aller vous renseigner sur les pratiques sportives qui vous sont ouvertes ; les gens ignorent que c'est possible mais ça l'est ! », témoigne Nathalie Benoit, l'autre ambassadrice de cette campagne, atteinte d'une sclérose en plaques et vice-championne paralympique. « Il n'y a pas d'âge, pas de condition pour se lancer, complète Christophe Lavigne, amputé des jambes et médaillé de bronze aux championnats du monde en 2019, également sur la photo. Tout est possible. La porte est ouverte, il n'y a plus qu'à la pousser. »