De 7,6 à 11 millions de Français, selon les études, apportent régulièrement une aide à un proche en raison de son état de santé, son âge ou d'une situation de handicap. Quel profil ? Quel impact sur leur vie quotidienne ? Dans une étude publiée le 17 mai 2023, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES)* propose une typologie des proches aidants de personnes vivant à leur domicile, à partir des résultats de l'enquête Handicap-Santé réalisée par la DREES et l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) en 2008. Leurs situations sont très diverses et les besoins d'aide publique dédiées le sont en conséquence. Cette enquête de 28 pages vise notamment à identifier celles dont le vécu est « le plus difficile ».
10 groupes répartis dans 3 catégories majeures
Ainsi, elle met en avant dix groupes, reflets de la grande hétérogénéité des situations, qui se répartissent en trois catégories majeures, selon l'ampleur de la charge ressentie : les proches aidants « les plus impactés » (1,8 millions de personnes soit 24 % en 2008), « moyennement impactés » (2,2 millions soit 29 %) et « les moins impactés » (3,6 millions soit 47 %). La première catégorie regroupe des conjoints, des parents et des enfants qui assument une charge d'aide importante. La seconde regroupe des conjoints et des parents de personnes aidées ayant peu de limitations dans leur vie quotidienne mais qu'ils sont seuls à aider. Enfin, les moins impactés peuvent être des conjoints mais plus souvent des enfants, frères et sœurs, d'autres membres de la famille ou de l'entourage, apportant une aide « relativement moins importante ».
Deux charges négatives ou plus pour un 1/3 des aidants
D'autre part, l'enquête examine, grâce à une modélisation, le nombre de charges ressenties sur onze possibles, telles que le sentiment de ne pas avoir assez de temps pour soi, d'être amené à faire des sacrifices dans sa vie ou encore d'avoir l'impression que la situation affecte sa santé. 45 % des aidants ne déclarent pas de charge négative, 23 % en déclarent une et 32 % deux ou plus. La charge ressentie augmente logiquement en premier lieu avec le nombre d'aides à la vie quotidienne et le volume d'heures hebdomadaire dédié. Elle dépend aussi du sexe et du type d'aide apporté. En effet, la charge ressentie est majorée quand l'aidant est une femme, quand il apporte une aide financière, doit prendre seul les décisions ou est la personne de confiance. Elle augmente également lorsqu'il est en emploi ou étudiant, « en raison probablement des difficultés de conciliation que cela peut engendrer », soulignent les auteurs, Thomas Blavet (DREES, Institut des Politiques Publiques, Paris School of Economics) et Yann Caenen (DREES). A contrario, elle diminue lorsque l'aidant a la possibilité de se faire remplacer.
En attente de l'enquête Autonomie…
La dernière partie du dossier présente deux pistes explorées pour que la typologie structurelle puisse être réutilisée dans des études basées sur d'autres sources statistiques. L'enjeu ? Approfondir l'analyse des impacts des différentes situations d'aide sur les conditions de vie et la santé des aidants selon une même grille d'analyse. « Il serait également possible d'apprécier l'évolution des différents groupes dès que les résultats de l'enquête Autonomie, réalisée par la DREES en 2022, seront disponibles », estiment les auteurs. Ce « dispositif » vise à mesurer le nombre de personnes handicapées, selon différentes définitions, de décrire leur état de santé et leurs conditions de vie et d'analyser les difficultés qu'elles rencontrent dans la vie quotidienne et la participation à la vie sociale, mais aussi d'interroger leurs aidants afin de mettre en lumière les conséquences de ce rôle.
* en partenariat avec l'Institut des politiques publiques (IPP)