Des Parisiens aveugles vont mettre "les" feux à Paris

La suppression des feux sonores tricolores dans les villes, un vrai danger pour les personnes aveugles ? Un collectif du quartier Pernety, à Paris, réclamait leur rétablissement depuis 2018. Il a obtenu gain de cause en juin 2021.

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DERNIERE MINUTE DU 22 JUIN 2021
Après trois ans de combat, les riverains du quartier Pernety, à Paris 14, ont enfin obtenu gain de cause, avec l'appui de la maire de Paris, Anne Hidalgo, et contre l'avis du maire d'arrondissement. Les principaux feux tricolores sonorisés vont être remis en service à la grande satisfaction des personnes déficientes visuelles, à mobilité réduite mais aussi des commerçants et des riverains.  

ARTICLE INITIAL DU 19 DECEMBRE 2018
Certains citadins rêvent-ils de la suppression des feux tricolores, donnant la priorité aux piétons sur des passages protégés, dans des zones limitées à 30 km/h avec l'objectif de « favoriser la vigilance des conducteurs » ? Une nouvelle façon de vivre la ville à travers la notion « d'espace public partagé ». Ce système est déjà expérimenté en Hollande ou au Danemark avec, a priori, une diminution du nombre d'accidents, de blessés et de tués, chacun étant obligé, à l'approche d'un carrefour, de faire attention à autrui. Aucune statistique fiable n'est cependant disponible.

Un défi pour les aveugles

Mais s'il est une catégorie d'usagers qui redoute cette métamorphose de nos villes, c'est celle des personnes aveugles ou malvoyantes qui ne pourront plus se fier à l'alerte sonore. Une expérimentation dans le 14ème arrondissement de Paris a mis le « feu » aux poudres car elle se situe précisément dans le quartier Pernety, autour, notamment, du centre de formation Forja, dédié… aux personnes aveugles ! Paris n'est pas la seule à mener cette politique ; plusieurs métropoles françaises, comme Nantes, Rouen ou Bordeaux, ont décidé de se passer de ce type de signalisation en cœur de ville.

Mobilisation vaine

Les voix de certains Parisiens mécontents se font entendre depuis fin 2017 (article en lien ci-dessous) ; des actions menées sur le terrain et une pétition adressée à Anne Hidalgo (en lien ci-dessous) réclament leur « rétablissement immédiat ». « En faisant cette expérimentation sans information ni concertation, sans mesure de protection supplémentaire, sous prétexte d'apaiser et de fluidifier la circulation, la Maire de Paris met en danger tous les piétons, en particulier les personnes vulnérables qui ne peuvent plus traverser en sécurité (personnes handicapées, déficientes visuelles, âgées, enfants privés de repères…) et sont donc privées d'autonomie », assure la pétition. « En tant que non-voyant, les feux tricolores sont indispensables à notre communauté, commente José. Les contre-sens et zones partagées constituent déjà des sources de stress, nul besoin de rajouter des obstacles ». Sans oublier les voitures électriques silencieuses (article en lien ci-dessous)… Des accrochages ont déjà eu lieu, des piétons évités de justesse, qui ont déposé des mains courantes au commissariat.

La réponse de la Mairie de Paris

Du côté de la Mairie de Paris, on affirme que ces revendications ont été entendues et que des réponses ont été apportées en concertation avec, notamment, les grandes associations nationales (AVH, FAAF, CFPSAA, AILDV, Institut Forja…). Nicolas Nordman, adjoint en charge du handicap, a réussi à éviter la dépose définitive des feux tricolores des six carrefours du quartier Pernety et promet « d'enrichir l'expérimentation en cours de toutes les observations et propositions des associations représentant les personnes mal et non voyantes ». L'objectif étant de « rechercher la ou les solutions qui permettront de garantir leur mobilité » et sécurité, notamment via des dispositifs techniques complémentaires, testés in situ. Il a également assuré que cette expérimentation ne serait pas généralisée à d'autres quartiers de la Capitale. Un groupe de travail sur cette question doit réunir les associations, les cabinets concernés et le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) le 9 janvier 2019.

Le collectif Coqua (Pernety) maintient néanmoins sa pression. Il organise une 2ème « Marche des piétons », le 20 décembre 2018, à 18h, au métro Pernety (Paris 15). Son credo : « On allume les feux ! ».

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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