L'inclusion scolaire à la russe a de quoi faire hurler ! C'est en tout cas ce qu'entend révéler le film « Corrections class ». Lena (Masha Poezhaeva) est une jeune fille brillante et jolie qu'on voit la plupart du temps en fauteuil roulant. Après avoir étudié chez elle pendant des années, elle est acceptée dans une classe dédiée aux élèves handicapés qui leur offre la possibilité, en fin d'année, de convaincre une commission qu'ils « méritent » de rejoindre une classe « ordinaire ». Tous les handicaps y sont mêlés : de la trisomie 21 aux troubles bipolaires en passant par le simple bégaiement ! Un système qui, dès les premières images, fait monter un malaise chez le spectateur.
Violence ordinaire
Lena tombe amoureuse d'Anton, le « beau gosse » de la classe, mais leur relation va s'avérer presque fatale, se heurtant à l'ignorance de l'administration, aux idées rétrogrades de leurs familles mais aussi et surtout à la cruauté de leurs camarades. Ces enfants victimes de malveillance, simplement parce qu'ils sont différents, deviennent souvent, à leur tour, violents. Des scènes bouleversantes (l'affiche du film le déconseille aux moins de 16 ans) mais puissantes en émotions, avec, peut-être, une lumière au bout de ce sombre tunnel. A noter que la troupe était composée de professionnels et d'adolescents handicapés.
Récompensé au festival de Marrakech
On doit ce film à un jeune réalisateur russe, Ivan I. Tverdovsky. Tout juste 25 ans. « Corrections class », a remporté, le 13 décembre 2014, « L'Etoile d'or » de la 14e édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM), au Maroc, choisi parmi 15 films en compétition officielle représentant les cinq continents. Le trophée lui a été remis par la présidente du jury, Isabelle Huppert. Mais quel avenir pour ce film de qualité en dehors des festivals ? Les droits internationaux n'ont pas encore été achetés. Pas la moindre garantie de le voir un jour sur nos écrans !
Cette œuvre sans concession n'est pas sans rappeler « The Tribe », un film ukrainien sorti en salles en octobre 2014, entièrement en langue des signes et sans sous-titres, qui plonge le spectateur dans le quotidien impitoyable d'un internat ukrainien pour jeunes sourds.