Niel, jeune musicien de 27 ans ayant des troubles psychiques, est en phase de réadaptation. Lorsque son ami d'enfance lui propose de rejoindre son groupe de rock et de partir en tournée, il entre dans une phase de manie. Ses sautes d'humeur caractéristiques des troubles bipolaires le poussent à quitter son foyer pour rejoindre son ami à Tel Aviv, en Israël. Tom 24 ans, est hospitalisée au service fermé des troubles de l'alimentation. Elle croise Niel à une soirée caritative, le séduit et profite de son aide pour s'échapper de l'hôpital. Il se dit « fou », elle rêve de devenir mannequin et est obsédée par son poids ; ils sont surtout « follement » amoureux. Petit à petit, leur cavale nocturne révèle leur passion et leur désir de redevenir ceux qu'ils étaient...
Un film authentique et brutal
Les spectateurs vibrent au rythme de leurs aventures. Les dialogues sont francs, directs, les actes aussi. Pour gagner de l'argent, Tom se dit prête à se prostituer. Elle évoque aussi son envie de « mourir lentement, en silence ». Quant à Neil, il n'a d'yeux que pour son tuba et tabasse son ami musicien qui ne veut, finalement, plus l'emmener en tournée. Mais ces comportements violents n'effraient pas les deux tourtereaux, au contraire... Ils pensent être faits l'un pour l'autre. La santé mentale est abordée de manière frontale et subtile à la fois. Le terme « handicap » n'est jamais mentionné, les protagonistes n'ont pas conscience de leur « différence ». Les spectateurs découvrent les troubles psychiques du point de vue des patients et non par le prisme médical. Un film à la fois drôle, émouvant et brutal, accentué par une interprétation authentique, profonde et intense.
Un réalisateur engagé
Avec Don't forget me, Ram Nehari, réalisateur israélien, signe son premier long-métrage. En parallèle, il est également professeur d'art dramatique et porte un intérêt particulier aux maladies psychiques. « Depuis plus de dix ans, je suis responsable, entre autres, d'un groupe de personnes ayant des troubles psychiatriques. Nous faisons une création artistique chaque année. » Son objectif : « Communiquer la joie de la création et de l'expression, raconter des expériences personnelles sans coller d'étiquette, sans juger ce qui est bon, ou pas, sain ou maladif... ». C'est au cours d'un de ces ateliers qu'il a rencontré Nitaï Gvirtz et Moon, les acteurs du film. De ce « coup de foudre amical » est né Don't forget me. « C'est le fruit de notre travail commun, affirme le réalisateur. Nous avons écouté des récits, tenté des imitations, imaginé des situations... En veillant à ne jamais rencontrer de 'professionnels' ni 'd'experts'. » Ram Nehari offre ainsi aux spectateurs une réalité brute, composée d'histoires personnelles, d'observations et d'introspection.
Combattre la stigmatisation
Une expérience concrète, sincère, sans fioriture, c'est ce qui a poussé la société de production française Tabo Tabo films à coproduire le film. « Il touche à des sujets graves mais nécessaires : la maladie mentale et sa perception dans nos sociétés, la perméabilité de cette frontière qui aimerait séparer les gens normaux des anormaux, des déviants, la difficulté de (re)construire sa vie... mais toujours en pointillé, sans jamais tomber dans l'explicatif ou le larmoyant », résume-t-elle. Le leitmotiv de Tonie Marshall, sa fondatrice : « Faire sauter les tabous et contribuer à un débat nécessaire pour mettre fin à la méconnaissance et la stigmatisation des troubles psychiques ». Don't forget me a reçu de nombreux prix dont celui du « meilleur film », au festival de Torino, au cours duquel la performance des deux protagonistes a également été primée. Preuve que la santé mentale intéresse ? Ce film permet de faire un pas de plus vers l'acceptation des différences, la compréhension et la fin des préjugés... En salle le 30 janvier 2019.