Par Aurélie Carabin
Rire avec les personnes handicapées
Le raz-de-marée observé depuis le 1er mai 2024 s'est poursuivi ces sept derniers jours, avec 1,1 million d'entrées supplémentaires, selon les chiffres diffusés par CBO Box-Office le 29 mai. Cette comédie tendre, qui prend le parti de rire avec les personnes handicapées et non à leurs dépens, devance ainsi la super-production de Denis Villeneuve, Dune, deuxième partie, (4,1 millions d'entrées) et la suite des aventures de Po dans Kung Fu Panda 4 (2,3 millions) au sommet du box-office 2024.
Meilleur démarrage de l'année
Autre exploit, elle talonne désormais Astérix et Obélix : l'empire du milieu de Guillaume Canet, plus gros succès tricolore en salles depuis la crise sanitaire, qui avait attiré 4,6 millions de spectateurs en 2023 avec un budget bien supérieur. De quoi prolonger le "rêve éveillé" d'Artus et sa bande, une semaine après leur montée des marches au Festival de Cannes pour ce film, qui avait d'emblée créé la surprise en signant le meilleur démarrage de l'année, porté par ses performances en région et un lancement opportun un jour férié.
Une dizaine de comédiens handicapés
Père et fils à l'écran, Clovis Cornillac et Artus y incarnent deux petits malfrats qui se cachent au milieu d'une colonie de vacances pour jeunes en situation de handicap mental, afin d'échapper à la police. Artus se fait passer pour un pensionnaire et Clovis Cornillac pour son éducateur spécialisé. Une dizaine de comédiens amateurs en situation de handicap y donnent la réplique au casting de professionnels, complété entre autres par Alice Belaïdi, apportant ce "p'tit truc en plus" qui avait pourtant rebuté certains producteurs frileux, selon Artus.
Des films qui font du bien
Ses scores au box-office sonnent comme une revanche pour cette figure de l'humour -Victor-Artus Solaro de son vrai nom-, qui ne pouvait rêver mieux pour son tout premier long-métrage derrière la caméra, à 36 ans. "Dans cette époque un peu anxiogène, c'est un film qui fait du bien" et qui permet de découvrir "une population qu'on ne voit pas souvent", avait estimé le réalisateur pour expliquer cette ruée dans les salles obscures.
Son succès rappelle celui du drame Le Huitième jour (1996), porté par Daniel Auteuil et l'acteur avec trisomie Pascal Duquenne, et s'inscrit dans la lignée des cartons d'Intouchables (2011), avec Omar Sy et François Cluzet, et de La famille Bélier (2014), avec la chanteuse Louane.
Bien accueilli par les asso
Les associations œuvrant pour les personnes en situation de handicap ont également bien accueilli cette comédie, estimant qu'elle représente une petite "pierre" bienvenue pour essayer d'améliorer la situation des principaux concernés.
Réforme du statut des artistes handicapés
En marge du Festival de Cannes, des personnalités du cinéma (Léa Drucker, Alexandra Lamy ou encore Eric Toledano et Olivier Nakache) ont signé une tribune, sur le site de Libération, pour une "réforme du statut des intermittents du spectacle, en direction des artistes handicapés" au cinéma et à la télé. Mais le chemin de l'intégration reste encore long. Lors de la montée des marches, Artus a dû porter l'un de ses comédiens, Sofian Ribes, qui se déplace au fauteuil roulant.
Des marches accessibles en 2025 ?
"Cela n'est plus acceptable de voir ce genre d'images, c'est une atteinte à la dignité de la personne, que de devoir se faire porter jusqu'en haut", avait commenté par la suite la ministre déléguée chargée des personnes handicapées, Fadila Khattabi, dans le journal Nice-Matin. "L'année prochaine, les marches devront être accessibles aux personnes en situation de handicap. Ça n'est pas à elles de s'adapter à la société, c'est à la société tout entière de s'adapter à elles", avait-elle insisté.
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