Ça ressemble vraiment à cela un hôpital psychiatrique ? De quoi frémir ! Le Boyard Psychiatric Hospital « scandalise » l'Unafam, association de personnes avec un handicap psychique. Cette séquence a été diffusée pour la première fois sur France 2 le 24 juin 2017. Jeté seul dans une pièce capitonnée, un candidat doit décrocher les boules rouges accrochées à sa camisole de force pour lui permettre de sortir. Dans cette cellule d'un autre âge, meublée d'une paillasse au sol, d'une cuvette de toilettes et du combiné seau-balai-serpillière, il se contorsionne dans tous les sens, et marche même au plafond dans une pièce qui tourne sur elle-même. Sur les murs sont écrits les mots : « Help », « SOS », « No future », « Fool »…
Une épreuve anxiogène
Selon l'association, il s'agit d'une « épreuve anxiogène mais surtout totalement stigmatisante pour les personnes vivant avec des troubles psychiques ». « Les médecins se battent pour que les jeunes soient pris en charge le plus précocement possible pour éviter des retards de diagnostic de 5 à 10 ans en moyenne actuellement, explique Béatrice Borrel, sa présidente. Comment les convaincre de consulter avec une telle image de la psychiatrie ? » L'Unafam rappelle que la maladie psychique est avant tout une souffrance pour la personne touchée et son entourage. La France compte 2 millions de patients atteints de troubles psychiatriques sévères. Pour Joan qui anime le site commedesfous.com, « l'isolement est une expérience très traumatisante bien qu'elle soit considérée comme une mesure thérapeutique de dernier recours. Elle peut être vécue comme une torture, surtout quand on ne vous explique pas les raisons de votre enfermement et qu'on vous laisse seul avec vous-même et votre angoisse. »
CSA : lutte contre les discriminations ?
Une loi de 1986 évoque pourtant la mission de lutte contre les discriminations, confiée notamment au groupe France Télévisions (article 48), ainsi qu'au Conseil supérieur de l'audiovisuel. Béatrice Borrel juge cette situation « d'autant plus déplorable qu'une journée de réflexion « Médias et handicap » est précisément organisée dans les locaux de France Télévisions le 29 juin 2017 ». Et de s'interroger : « Oserait-on monter une attraction sur le thème d'une autre maladie (sida, cancer, sclérose en plaques…) ? ». Une lettre ouverte a été envoyée par l'association au président de la République, ainsi qu'à différents ministres, mais également au président du Conseil supérieur de l'audiovisuel et au Défenseur des droits.
Dans Touche-pas à mon poste aussi
En septembre 2016, la bande annonce de l'émission Touche-pas à mon poste (sur C8) n'était déjà pas du goût de deux associations de personnes avec un handicap psychique qui dénonçaient, elles aussi, des clichés stigmatisants (article en lien ci-dessous). On y voyait, dans un décor blanc d'hôpital psychiatrique, des hommes, des femmes, les yeux rougis et cernés, hagards, l'un en camisole de force, l'autre les cheveux en bataille. Les deux associations ne souhaitaient pas censurer ce clip mais appelaient Cyril Hanouna, l'animateur vedette, à mettre sa créativité débridée au service des personnes touchées par des troubles psychiques, pour éviter qu'elles ne continuent à subir la double peine : la maladie et le « regard pourri » que le grand public porte sur elles. Cyril Hanouna s'était alors engagé à tourner un clip avec les membres de ces associations. Jamais vu le jour ?
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