Il a déjà remporté deux médailles d'or et une d'argent aux Jeux de Tokyo il y a trois ans.
"Je m'appelle Gabrielzinho et je vais aller chercher trois médailles d'or aux Jeux paralympiques de Paris", a déclaré le jeune nageur, tout sourire, avant de recevoir un baiser sur le front du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, lors d'une cérémonie officielle le mois dernier à Brasilia.
Quand il n'enchaîne pas les longueurs dans la piscine à Juiz de Fora, dans l'Etat brésilien de Minas Gerais (sud-est), Gabrielzinho soigne sa popularité sur Instagram, où il compte plus de 50.000 abonnés. Mais comme il n'a pas de mains ni de bras, c'est avec ses orteils qu'il navigue sur l'écran de son téléphone. C'est aussi comme cela que le Brésilien utilise la manette de sa console de jeux vidéos, notamment de football, son autre grande passion. Pour manger, il se penche pour saisir les aliments dans son assiette avec sa bouche, avant de coincer une brosse à dents électrique entre ses orteils après les repas. "Je ne compte plus le nombre d'obstacles que je dois surmonter chaque jour, mais cela me rend plus fort", confie-t-il à l'AFP. "Ce qui m'a le plus impressionné au premier abord, c'est sa dextérité en dehors de la piscine. Il est doté d'une grande coordination motrice et il est très intelligent, ce qui lui permet de surmonter tous ces obstacles au quotidien", explique son entraîneur, Fabio Pereira Antunes. "Et une fois que je l'ai vu dans l'eau, j'ai découvert tout son potentiel. Il a une mentalité de champion et il sait gérer la pression", poursuit-il.
Ondulations
Gabrielzinho est atteint de phocomélie, une malformation due à l'arrêt du développement d'un ou de plusieurs membres durant la grossesse. Dans son cas, le Brésilien a des moignons au niveau des épaules, ses jambes sont atrophiées, mais il peut marcher sur ses deux pieds. "Je l'ai appris au cinquième mois de grossesse. Évidemment, c'était un choc, mais après je me suis mise à lire sur le sujet pour être prête à m'occuper de lui au mieux", dit sa mère, Ineida Magda dos Santos, enseignante à la retraite. "Comme on voulait qu'il ait une enfance normale, on l'amenait dans un club où il y avait une piscine. À quatre ou cinq ans, il savait déjà nager, même s'il n'avait pas de bras. Je crois que c'est un don qu'il a reçu de Dieu", s'émerveille-t-elle. Pour nager, Gabrielzinho ondule dans l'eau comme un dauphin, avec des mouvements de bassin. Une technique développée au cours de longues séances d'entraînement six fois par semaine, du lundi au samedi. Dans la piscine, et aussi en dehors, il exécute des exercices de musculation, notamment au niveau des lombaires, des abdominaux et du plancher pelvien. Gabrielzinho a découvert la compétition à 13 ans, en 2015, lors d'un tournoi scolaire. "Un enseignant l'a inscrit sans me consulter et il a gagné cinq médailles. Depuis, il ne s'est plus arrêté", relate sa mère.
Danse de célébration
Le Brésilien a atteint la consécration à 19 ans, aux Jeux de Tokyo, montrant une force mentale hors norme peu après avoir subi une terrible épreuve. Quelques jours avant son entrée en lice, alors qu'il s'entraînait déjà au Japon, il a appris la mort de son grand-père, dont il était très proche. "J'étais dans la dernière ligne droite, c'était un vrai coup dur, mais après je me suis dit qu'il avait décidé de suivre la compétition de là-haut, et qu'il était fier de moi", raconte Gabrielzinho. Comme un clin d'oeil du destin, il a commencé sa moisson de médaille à Tokyo par l'argent, pour sa deuxième place au 100 m dos S2 (la catégorie des nageurs les plus lourdement handicapés). Or son grand père était surnommé "pratinha" (petit argent). Il est ensuite monté deux fois sur la plus haute marche du podium, aux 50 m et 200 m nage libre S2. Et à chaque fois, une petite danse de célébration, une de ses marques de fabrique. Son objectif à Paris: défendre ses deux titres paralympiques, "transformer en or la médaille d'argent au 100 m dos" et "beaucoup danser", une nouvelle chorégraphie dont il préfère garder le secret.